Passer au contenu

” Dirigeants d’entreprise : les “quadras” sont passés de mode “

Depuis quelque temps, la mode est aux dirigeants d’entreprise d’une trentaine d’années. Les nouveaux gourous du management sont formels : ces nouveaux patrons sont à la…

Depuis quelque temps, la mode est aux dirigeants d’entreprise d’une trentaine d’années. Les nouveaux gourous du management sont formels : ces nouveaux patrons sont à la fois plus dynamiques, plus adaptables, et plus aptes à comprendre les enjeux de la nouvelle économie que leurs aînés. De plus, leur jeunesse participe à la construction d’une image positive et innovante des entreprises qu’ils dirigent.Une telle tendance ne devrait pas étonner tous ceux qui, depuis leur adolescence, savent que ” la valeur n’attend pas le nombre des années “. Quelques esprits chagrins s’inquiètent cependant de la situation et se demandent si la démarche ne serait pas plus machiavélique et dangereuse qu’il n’y paraît de prime abord. En effet, jeunesse rime avec capacité d’adaptation, mais aussi avec expérience réduite. L’atout principal d’un patron peu expérimenté n’est-il pas sa docilité vis-à-vis de ses actionnaires ou de sa maison mère ? N’est-il pas le rouage idéal d’une organisation ” globale “, c’est-à-dire gérée d’une manière centralisée ? Ne risque-t-il pas aussi d’être un homme de paille, qui prend des risques dont il ne mesure pas toujours l’étendue ? Un dynamisme mal contrôlé peut se muer en brutalité lorsque des problèmes humains apparaissent. Les années arrondissent les silhouettes, mais aussi les esprits ! L’âge peu avancé du dirigeant peut alors être perçu comme une garantie pour les actionnaires adeptes des méthodes ” musclées ” de gestion des ressources humaines. Une évolution de carrière trop rapide peut également avoir des conséquences catastrophiques sur la vie personnelle et professionnelle d’un jeune cadre prometteur.A-t-on déjà oublié les échecs cuisants de certains ” jeunes cadres dynamiques des années 70 “, qui ont été psychiquement cassés suite à une ascension trop rapide ? Une fois de plus, l’histoire n’a pas de mémoire. Quel avenir auront ceux qui ne réussiront pas à se maintenir au firmament tout au long de leur carrière ? Souvenons-nous des gloires de la maxi, de la mini ou de la micro-informatique, qui ne sont plus rien aujourd’hui ! Les plus chanceux et les plus prudents vivent des revenus de leur capital ou d’une reconversion plus ou moins bien réussie. Les autres peinent à assurer leur quotidien. Le nombre d’échecs humains dépasse celui des déconvenues matérielles : des titres de PDG de sociétés à l’activité symbolique arrivent mal à cacher un mal-être personnel et une vie privée vacillante. La révolution économique actuelle est, comme celles qui l’ont précédée, génératrice d’excès. Il y aura de formidables succès et des échecs retentissants. Prenons garde à ce que ces échecs ne soient que matériels et limités dans leurs effets. En effet, peu importe l’âge des dirigeants. L’essentiel est d’avoir une logique sociale cohérente et en concordance avec les valeurs humaines les plus élevées. Une société harmonieuse refuse les exclusions et a besoin de toutes les tranches d’âge.N’oublions pas que, dans les dix ans à venir, l’âge moyen de départ à la retraite pourrait atteindre soixante-dix ans environ. La gestion des femmes et des hommes est un sujet trop grave pour être assujetti aux modes ! Même à celles de la nouvelle économie !

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jacques Laville, consultant