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Digital Angel, un espion sous la peau

Terrifiant ! Enthousiasmant ! Le projet consiste à élaborer une puce électronique implantable sous la peau des humains ou des animaux.

Au top 50 des projets que n’aurait pas dénigrés Aldous Huxley pour écrire son Meilleur des mondes, figurerait sans doute Digital Angel (” ange numérique “). Qu’est-ce ? Un système complexe miniaturisé de la taille d’une pièce de monnaie. Autrement dit, une puce qui se composerait de plusieurs sous-ensembles.D’un côté, un dispositif susceptible de recueillir des données vitales comme la pression artérielle, le taux de globules blancs ou tout autre renseignement biochimique. De l’autre, un mécanisme de communication capable d’échanger des informations avec des bases terrestres ou avec des satellites, au moyen d’un système de positionnement GPS.On conçoit vite l’intérêt du principe d’ange numérique. Les capteurs enregistrent en permanence les données vitales du porteur et peuvent, le cas échéant et à distance, alerter le médecin ou l’hôpital le plus proche, avant même que le potentiel patient n’ait perçu les effets des troubles à venir. Une médecine d’un nouveau genre, capable d’anticiper (détection d’une attaque virale avant le premier éternuement), d’alerter (même si le patient n’a pas son téléphone mobile) et de vous suivre, où que vous soyez (positionnement GPS). L’idéal, en somme.L’idéal, vraiment ? La technique, si prometteuse qu’elle soit, a aussi ses revers. Son concepteur, Applied Digital Solutions, en a imaginé de multiples usages : protection des espèces en danger, identification des personnes à l’entrée des bâtiments, gestion des troupes militaires (pour surveiller en temps réel l’état de santé et la localisation d’une armée), lutte contre le kidnapping, suivi des prisonniers en liberté conditionnelle, etc. Et l’on s’aperçoit alors que, loin du concept d’ange médical, surgit celui du grand frère omniprésent et pas forcément plaisant.Car s’il est vrai que beaucoup de propriétaires d’animaux domestiques seraient prêts à faire tatouer numériquement leurs compagnons, la question prend une tout autre tournure concernant les humains. La crainte du kidnapping peut-elle justifier l’implant d’une puce sous la peau d’un enfant ? Si oui, à partir de et jusqu’à quel âge ? Et qui est responsable des données tant qu’il n’y a pas eu de kidnapping ?Digital Angel soulève une multitude de questions éthiques. C’est même de ce point de vue un modèle du genre, qui regroupe tous les problèmes récurrents des technologies de l’information : libertés individuelles, responsabilité des données personnelles, modification d’organismes vivants…Et c’est sans prendre en compte les aspects techniques, qui peuvent également se révéler problématiques. Pourra-t-on enlever la puce dix ou quinze ans après son implantation ? Comment garantir la confidentialité des informations et assurer, par exemple, qu’une tierce personne ne puisse accéder en temps réel à vos données personnelles ? Et, sachant que la puce peut communiquer avec l’extérieur, aura-t-on une quelconque garantie contre un contrôle extérieur (et donc une modification à distance du comportement des circuits électroniques implantés, brrrr !).Même si nous n’en sommes pas encore à voir se généraliser ces anges numériques, cela a de quoi faire réfléchir. Car, si l’on en croit Applied Digital Solutions, le marché ouvre des opportunités colossales, estimé à 100 milliards de dollars (sic). Il va donc peut-être falloir s’y habituer. Et prévenir les adolescents que les premières bouffées de leur prochain joint pourraient bien déclencher une alarme sur le téléphone mobile de leurs parents.Applied Digital SolutionsLes informations complètes sur la technologie Digital AngelLes actualités en vidéo sur Digital AngelProchaine chronique le mardi 23 janvier 2001

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Cyril Fiévet