Didier Le Ménestrel est le fondateur de la société de gestion de portefeuille La Financière de l’Échiquier, détenue à hauteur de 51 % par HSBC-CCF. Il gère quatre fonds communs de placement (FCP), principalement investis sur des valeurs moyennes.Avant l’événement historique du mardi 11 septembre 2001, quel était votre avis sur les critères d’appréciation actuels des entreprises cotées en Bourse. Les analystes financiers sont-ils en manque de boussole ?Outre la crise géopolitique actuelle, il y a une tendance de fond. La communauté financière doit revenir à des concepts de base. À savoir la valorisation des actifs des entreprises cotées. Tout le reste n’est que bavardage. L’exemple le plus révélateur en la matière est France Telecom. Sous prétexte que l’opérateur détient 60 milliards d’euros (393,57 milliards de francs) de dettes, le marché est vendeur et les gestionnaires sont pris de panique. Pour nous, France Telecom mérite, aujourd’hui, toute notre attention : après avoir valu près de 300 milliards d’euros ?” une folie collective à laquelle nous n’avons pas participé ?” sa valorisation actuelle est inférieure à 80 milliards d’euros. Pourtant, l’entreprise bénéficiera toujours de recettes récurrentes : ses 80 millions d’abonnés paieront toujours et consommeront toujours plus de minutes. Le chiffre d’affaires de l’opérateur est un garant infaillible du remboursement de la dette. L’entreprise n’est pas en crise financière. Son rendement de 3 % n’est pas négligeable et sa croissance européenne n’est pas remise en cause. Peu importe si son PDG, Michel Bon, n’a pas les faveurs du marché !Comment le concept de valorisation d’une entreprise peut-il s’adapter à l’ensemble de la cote, alors que nous vivons une crise géopolitique sans précédent ?Je ne suis pas un expert en géopolitique. Il s’agit de savoir si nous assistons à une crise longue ou courte. Je ne me permets pas d’apporter une réponse. On ne peut même pas se référer à la guerre du Golfe. Car en 1991 les indices boursiers flirtaient avec des plus hauts historiques et les actions étaient fortement valorisées. Aujourd’hui, on assiste au contraire. Il n’y a donc pas de comparaison possible.Crise ou pas crise, n’y a-t-il pas pour un gestionnaire de fonds des opportunités à saisir, comme sur le Nouveau Marché ?Ma grille d’analyse reste le concept de valorisation. La capitalisation boursière du Nouveau Marché a fondu de 35 milliards d’euros en mars 2000 à moins de 10 milliards aujourd’hui. Il existe donc des opportunités d’achat. Le Nouveau Marché est l’univers des opportunités. Songez que 40 % des valeurs qui y sont cotées ont une valorisation inférieure à 2 milliards d’euros. Leurs valorisations sont souvent inférieures à leur cash. C’est le cas de l’éditeur de logiciel Netgem, qui a perdu 90 % de sa valeur depuis le début de l’année. Pourtant le métier de cet éditeur ?” offrir des solutions qui rendent le poste de télévision aussi interactif qu’un ordinateur ?” reste pertinent avec la future génération de la télévision numérique. Après avoir assisté à des excès de valorisation à la hausse, nous suivons des excès à la baisse. Citons l’exemple des éditeurs ESI, Abel, Infovista, qui ne valent plus en moyenne qu’une fois le CA estimé en 2002 et dix fois le résultat net alors que le secteur affichait en moyenne des ratios 7 à 8 fois plus élevés au premier trimestre 2000. À 2,3 euros, Infovista valait moins que sa trésorerie à court terme.
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