01net. :Quel est votre rôle dans l’introduction en Bourse d’une société ?
Didier Duhem : Nous allons trouver les chefs d’entreprise sur le point d’entrer en Bourse pour les convaincre de travailler avec nous. Ils devront accepter de nous mandater pour placer leurs actions. En échange, nous prenons 3 % de commission. La deuxième partie de notre métier consiste à vendre ces actions, en ligne ou dans le circuit traditionnel. Nous devrions en distribuer environ 20 % directement en ligne. Mais j’espère que bientôt, comme en Allemagne, cette proportion atteindra 60 %.Quelles sont les réactions à votre projet ? Elles sont très positives. Avant Internet, les start-up n’avaient pas les moyens de faire entrer les particuliers dans leur capital, lors de l’introduction en Bourse. Avec le Web, les entreprises pourront connaître leur actionnariat et communiquer directement avec lui.Pourquoi ne le faisaient-elles pas auparavant ? Depuis vingt ans, les banques ont abandonné le placement en Bourse au guichet. Pour un particulier, il est quasiment impossible d’obtenir des actions lors d’une entrée en Bourse. Une introduction en Bourse c’est risqué.
Les banques préfèrent pousser leurs Sicav, c’est-à-dire des fonds communs. Le problème, c’est que les Sicav restent rarement plus de trois mois dans le capital d’une entreprise. Les banques sont obligées de jouer sur du court terme, car les particuliers sont susceptibles de retirer leur argent à tout moment. Aux Etats-Unis, au contraire, ce sont plutôt des gestionnaires de fonds de pension qui investissent, et sur le long terme.
En effet, les particuliers ne peuvent retirer leur argent avant leur retraite. Grâce à cela, nous occupons sur le Web une position unique. Alors que, dans le domaine du courtage en ligne, un combat se joue entre le circuit classique et les sites Web purs, en ce qui concerne les introductions en Bourse, nous ne subissons pas la concurrence des acteurs traditionnels. Pour l’instant du moins.Quelle genre d’entreprise allez-vous introduire ? Europeoffering sera concentré sur les start-up Internet car c’est le domaine qui me passionne, c’est vraiment là que tout se passe. La Bourse flambe depuis neuf mois grâce à Internet. Selon mes estimations, il y aura une cinquantaine d’introductions en Bourse d’ici l’été, dont vingt-cinq start-up Internet sur le Nouveau Marché.Comment expliquer cette frénésie Internet à la Bourse ? Internet a été le coup de fouet du capital-risque qui végétait depuis dix ans. L’explosion du marché sur les valeurs qui touchent de près ou de loin Internet et la Net-économie a réellement eu lieu en octobre 1999. Les investisseurs se sont mis à croire à toutes ces sociétés qui ont leur avenir devant elles. Avant, une entreprise devait prouver qu’elle faisait des profits depuis dix ans.
Aujourd’hui, sur le Nouveau Marché, la place est aux entreprises qui disent : j’existe depuis deux ans, je n’ai jamais gagné d’argent, mais je vais en gagner beaucoup demain. Auparavant, les start-up ne trouvaient pas de fonds car leurs performances en Bourse étaient mauvaises. Les investisseurs n’arrivaient pas à récupérer leur mise. Aujourd’hui, ce nest plus un problème pour les valeurs Internet. Mais seulement pour elles. La frénésie ne se propage pas aux autres secteurs. Internet est en train de phagocyter tous les investissements.
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