Passer au contenu

Didier Brierre (Vygon) : ‘ Nous avons supprimé notre service informatique interne ‘

Le groupe de technologie médicale a choisi d’externaliser sa DSI afin d’optimiser sa mutation informatique. Tous les informaticiens ont obtenu un autre poste.

Comment expliquez-vous le choix de la direction de Vygon de confier à un prestataire l’ensemble de sa DSI ?Jusqu’en janvier dernier, la DSI comptait une dizaine de personnes. La fonction informatique était très intégrée, et l’âge moyen du noyau de l’équipe avoisinait la cinquantaine d’années. Nous avions constaté que lorsqu’il nous
fallait innover sur le plan technologique, nous devions de plus en plus recourir aux services de prestataires. Ainsi, nous disposions d’une plate-forme AS/400. Or, nous avons prévu de passer dans les trois ans à un PGI. C’est une autre logique
de fonctionnement, avec laquelle les actuels collaborateurs de la DSI n’étaient pas familiarisés. Nous aurions donc dû embaucher ou solliciter une SSII. D’où l’idée de franchir le pas et de supprimer le service informatique interne.Comment s’est passé le reclassement des équipes informatiques ?Nous sommes une entreprise familiale, et il était hors de question de procéder à des licenciements. Nous avons préféré capitaliser sur l’expérience acquise par les salariés au cours des nombreuses années passées dans l’entreprise.
Ils ont tous obtenu un autre poste. Par exemple, le responsable des systèmes et réseaux s’est vu confier l’approvisionnement en matières premières de l’une de nos usines. De même, un spécialiste de l’AS/400 a été affecté à une usine du Nord
 ?” sa région d’origine ?” afin d’étudier et de mettre à plat les procédures de fabrication pour les améliorer. Chacun d’eux a reçu une formation. Grâce à leur connaissance des métiers de l’entreprise, ils se sont rapidement
intégrés.En quoi consiste l’activité d’un DSI sans DSI ?Désormais, mon rôle est encore plus stratégique. En effet, débarrassé de la gestion quotidienne du système d’information, j’interviens beaucoup plus en amont sur les choix cruciaux de l’entreprise. Par exemple, nous déplaçons
actuellement une de nos usines de stérilisation d’Ecouen (95) à Verneuil (60) dans un centre logistique de 10 000 mètres carrés. Très concrètement, il faut réfléchir au positionnement des locaux, des chaînes de production, des zones de
stockage… Le tout pour optimiser les flux et éviter les ruptures de charge. Ce nouveau dispositif aura une incidence sur les solutions technologiques que nous utiliserons. Cela signifie que, parallèlement à la construction des bâtiments, nous
formons les salariés aux logiciels ad hoc. Car il est impératif de changer de système de gestion avant le déménagement pour se roder à son utilisation. Et ne pas ajouter aux dysfonctionnements liés à l’arrivée dans de nouveaux locaux ceux relevant
d’un autre système d’exploitation.Cette externalisation s’est-elle accompagnée d’une baisse des dépenses informatiques ?Non. Et ce n’était d’ailleurs pas le but recherché. Le budget annuel de la DSI, hors investissement, reste de 600 000 euros. Et 1,5 million d’euros seront consacrés de 2003 à 2007 à l’acquisition de logiciels, de
matériel et au basculement du PGI. A titre indicatif, nous renouvelons le parc de nos deux cents micro-ordinateurs, à raison d’un tiers chaque année. Nous n’économisons pas d’argent. Simplement, nous l’utilisons mieux.Comment travaillez-vous avec votre prestataire ?Nous avons retenu le groupe Elcimaï, auquel nous avons fait appel lors d’un précédent déménagement. J’ai choisi les personnes qui vont collaborer avec nous au sein de leur entreprise. Et Elcimaï a détaché à temps plein l’un de ses
salariés au siège de Vygon.Quel est son rôle ?Ce salarié définit un cahier des charges et le fait approuver par les utilisateurs chez Vygon. Elcimaï chiffre ensuite la prestation, et nous négocions ensemble le tarif. Une fois l’accord conclu, c’est l’utilisateur final chez
Vygon qui doit approuver la facture. Nous avons ainsi gagné en efficacité, puisque nos salariés disposent de l’informatique qu’ils ont spécifiquement demandée. Cela suppose qu’ils aient, au préalable, bien réfléchi à leurs besoins, tant en termes
techniques que financiers. Cette organisation leur fait prendre conscience que l’informatique n’est pas gratuite. En quelque sorte, cela les responsabilise. A la fin de l’année, si le budget informatique est épuisé, les demandes sont reportées à
l’exercice suivant. Sauf, si l’opérationnel qui exprime un besoin peut justifier à la direction générale que l’enjeu est stratégique pour la société. Un filtre supplémentaire qui amène les uns et les autres à bien hiérarchiser les
besoins !Comment vit-on l’externalisation de son service quand on en est le directeur ?C’est une profonde remise en question personnelle. On se demande si l’on va continuer à trouver sa place dans l’entreprise. Mais, en ce qui me concerne, le doute s’est vite estompé quand on m’a confié des missions stratégiques
supplémentaires. Par exemple, l’audit de systèmes d’information pour des usines que nous venons d’acheter aux Etats-Unis ou en Pologne.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nicolas Arpagian