En avril 2000, la société espagnole LaNetro ouvrait une filiale en France. Un local de 600 m2 était destiné à recevoir près de 40 personnes pour développer un city guide étendu sur les plus grandes villes françaises.LaNetro proposait à l’époque des postes de journalistes payés entre 8 000 et 12 000 francs pour concevoir et écrire un guide culturel et ludique complet par ville.Implantée dès 1996 en Espagne, LaNetro a ouvert des sites en Italie, au Portugal, puis au Mexique, en Argentine et en France. Une visite hasardée sur les différents sites du groupe permet de constater qu’on rencontre des articles sur les sites espagnol et italien.Les sites français et sud américains font en revanche piètre figure. Ce sont d’intéressantes bases de données d’adresses déclinées sous des thématiques de loisirs : sortir, manger, se balader. En d’autres termes, des annuaires.
Promesse bafouée
C’est là que le bât blesse. “J’ai été embauché en juillet 2000 comme rédacteur pour écrire un cyberguide. A partir de la fin de l’année, on ne nous demandait plus d’écrire, mais de copier les pages jaunes ou de saisir des points sur des fonds de cartes”, raconte un employé licencié pour faute légère.Ce salarié estime que LaNetro a ainsi entré dans la base près de 47 000 adresses copiées de divers annuaires.
Javier Perez Dolcet, PDG et fondateur de LaNetro, répond que cette affirmation est entièrement fausse : “Nous
n’aurions
pas engagé des journalistes juste pour recopier
des informations.
Il aurait
été plus simple d’appeler les pages jaunes et de négocier leurs
bases.”Fin janvier, cependant, le PDG confisque à ses ” journalistes ” leur téléphone et leur accès Internet. “Ils utilisaient massivement Napster, et le téléphone ne servait qu’à leurs relations personnelles”, justifie Javier Perez Dolcet.Fini les appels, fini les embauches. De vingt-sept personnes fin novembre, l’équipe de LaNetro est passée à près de dix personnes aujourd’hui.
Une parole contre une autre
Face aux conditions de travail de plus en plus désastreuses, les salariés français ont fait appel au syndicat Bétor Pub CFDT et alerté la presse, demandant la mise en place d’un plan social, dénonçant les pressions morales exercées. ” La direction cherche à nous faire démissionner pour éviter de payer des indemnités. On nous répète sans cesse qu’on est mauvais”, raconte un salarié.Un mouvement de grève symbolique a été entamé à l’occasion de la fête de l’Internet, mais le dialogue “tant désiré est resté sans réponse de la part de la direction”. Faute de dialogue, le ton est donc monté d’un cran. Les prud’hommes devraient être saisis par les salariés qui remettent en cause la viabilité de LaNetro en France.Pourtant, selon Javier Perez Dolcet, la start-up a récemment levé des fonds, dont le montant n’est pas connu, pour réaliser de nouvelles acquisitions cette année. LaNetro connaît un succès grandissant en Espagne et en Italie. La start-up a réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions de pesetas (300 505 euros) en 1999 et de 1 milliard de pesetas (600 000 euros) en 2000.Pour sa défense, le PDG brandit donc l’étendard des employés improductifs et inadaptés : “Je n’ai jamais eu d’aussi mauvais employés qu’en France”, s’exclame-t-il. Il accuse également “certains salariés français de LaNetro (d’être) racistes. Ils utilisent leur temps de travail pour faire de la discrimination raciale ou sexuelle, c’est inadmissible.” Le PDG fait allusion à un site satirique mis en ligne par certains salariés dans lequel il est notamment question des pratiques en cours dans l’entreprise.Il n’entend pas pour autant changer de stratégie en France et compte trouver des salariés plus dociles. Objectif, constituer une équipe de 38 personnes. Des candidats ?
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