Douze ans après sa dernière incarnation, Diablo fait un come-back remarquable. Malgré quelques ratés au démarrage maintenant corrigés, Blizzard arrive à nous donner l’impression de reprendre le jeu là où nous l’avions laissé. Rien n’a changé, ou presque. On retrouve les mêmes combats frénétiques, la même course à l’expérience, les mêmes butins en pagaille et les mêmes potes à la traîne… L’expérience est toujours aussi efficace, le principe toujours aussi addictif. Mais comment un titre si basique, arrive à obnubiler tant de joueurs ?
Un petit goût de paradis
Diablo, c’est avant tout une histoire d’ambiance : glauque, lourde, tamisée. Le joueur évolue au milieu de forêts obscures, de salles de torture et de cadavres puants. Le jeu est techniquement très propre, mais fondamentalement très sale. Ici, quand on va dans le désert, c’est toujours entre deux tempêtes. Quand on visite les splendides palais du Paradis, c’est forcément après un cataclysme. Le bestiaire ne déroge pas non plus à l’appel du glauque : chiens de l’enfer, démons, araignées mutantes…
La musique, lourde de trombones et de flûtes désespérées, vient renforcer un peu plus cette ambiance sombre et malfaisante. L’adéquation entre ce qu’on nous promet et ce qu’on nous vend est donc parfaite. On a payé pour aller en enfer et si nous n’y sommes pas toujours concrètement, tout nous y ramène. Nous sommes en terrain « connu ».
Diabolus in machina
Vient ensuite un système de jeu à nul autre pareil. Diablo avait, voilà quinze ans, complètement chamboulé le petit monde du jeu d’action/aventure en mixant point & click, 3D isométrique et massacres de monstres à la chaîne. Il imposa carrément un nouveau genre. Aujourd’hui, rien n’a changé. On avance, seul ou à quatre, dans des décors de plus en plus bizarres, et on pourfend tout ce qui se présente dans une myriade d’explosions d’effets spéciaux bluffants.
Les compétences de combats tiennent en six boutons : quatre au clavier, deux à la souris. Vous pointez à la souris, vous lancez vos sortilèges avec vos six petits doigts, vous vous déplacez en cliquant au sol pour éviter ce qui vous tombe dessus. Plus simple, tu meurs. Tout ça déboule sur des parties d’une frénésie jubilatoire, car il faut bien imaginer que les packs de monstres deviennent de plus en plus coriaces et titanesques.
Et si le jeu vous donne l’impression d’être un monstre de puissance, il peut aussi décimer votre groupe en cinq secondes avec un pack de monstres élites. Quoi de plus grisant que d’endosser le rôle d’un Dieu vulnérable ? Pas grand-chose. Alors on y revient… et on y revient encore…
Tonight we dine in Hell !
L’adage « facile à apprendre, difficile à maîtriser » n’a jamais été autant approprié pour un jeu vidéo que pour Diablo. Cela explique aussi, en partie, l’attachement des joueurs au titre. Le jeu propose cinq modes de difficulté : Normal, Cauchemar, Enfer, Armageddon (une nouveauté) et Hardcore. Si les parties en Normal et Cauchemar sont une promenade de santé, les modes Enfer et Armageddon deviennent surhumains.
Evidemment le seul challenge d’un vrai joueur de Diablo est de finir le mode Armageddon. Et quand l’on sait que même les équipes de tests internes à Blizzard, à la sortie du jeu, n’avaient toujours pas bouclé ce mode, on imagine ce qui attend le fan « lambda ». Car il a fallu le talent de la Guild Method, une bande de brutes, aidée d’autres joueurs, pour réussir le week-end dernier cet exploit.
Le mode Hardcore est encore plus vicieux. Interdit de mourir ! Une seule vie pour boucler tous les niveaux. Imaginez la préparation (car il est possible d’envoyer objets en potions entre vos personnages) et le déchirement quand vous mourrez à quelques encablures du niveau maximal.
Cupide et vaniteux
Une dernière force exceptionnelle de Diablo est de jouer sur certains de nos plus bas instincts les plus primaires : la cupidité et la vanité. Le jeu propose une table de butin aussi longue que l’enfer est peuplé de monstres malfaisants. On joue pour le plaisir de la dévastation, mais surtout dans l’espoir de récupérer (sur la dépouille des monstres) des objets de qualité rare ou légendaire. Objets qui viendront parfaire l’efficacité de son avatar et permettront de faire le beau auprès de ses amis. Une véritable course à la puissance compliquée par le fait que les statistiques des objets sont aléatoires et qu’il est donc très délicat de tomber sur ce que l’on recherche précisément.
Il faut donc « farmer » – comprenez refaire et refaire cent fois les mêmes niveaux, tuer et retuer cent fois les mêmes monstres – dans l’espoir de récupérer des butins. S’ils ne sont pas adaptés, ils peuvent toujours être utilisés pour fabriquer d’autres objets ou peuvent être vendus à l’hôtel des ventes entre joueurs. Le vice de cette nouvelle version étant que l’on pourra même, dans un « avenir proche », et pour être précis dès le 30 mai prochain, revendre lesdits objets contre de l’argent bien réel ! C’est dire si certains vont y passer leur vie.
A hell of a game !
Diablo n’est donc pas un jeu comme les autres, c’est le Diable incarné ! Chronophage, violent et fondamentalement jouissif, il n’aura de cesse de hanter vos nuits tant son concept est addictif. Beaucoup de jeux ont tenté de le copier, mais aucun n’a réussi à nous offrir cette impression d’être le gagnant du loto chaque fois qu’un objet légendaire tombe ou autant de jouissance dans les affrontements surtout dans les modes de difficulté avancés.
Le jeu n’est pas figé et ses perspectives d’évolution sont nombreuses. Un système d’arène, permettant aux joueurs de s’affronter, devrait voir le jour sous peu et on sait forcément que le niveau maximal sera augmenté. World of Warcraft à ses débuts nous bloquait au niveau 60, comme ici. On peut maintenant atteindre le niveau 85 dans le MMORPG de Blizzard. Nous n’avons définitivement pas fini d’entendre parler de ce monstre. Et c’est tant mieux… on est diaboliquement accros !
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