Faire de notre smartphone un ordinateur. Tous les fabricants – de smartphones, pas d’ordinateurs – en rêvent. Certains ont tenté l’aventure, comme Motorola, Asus, mais aussi Microsoft et HP. Avec plus d’ambition, les deux derniers ont essayé de profiter de la puissance de leurs appareils pour exploiter Continuum. Créée par Microsoft, la fonction est censée permettre à un smartphone de faire tourner une version allégée de Windows 10. Pour le moment, aucun de ces grands noms n’est parvenu à convaincre.
Avec son accessoire baptisé DeX, Samsung reprend la même idée. Une prise en main de l’accessoire du Galaxy S8 nous permet d’affirmer que le sud-coréen a mis toutes les chances de son côté, même si la réussite est loin d’être assurée.
Plus ambitieux que Continuum
En 2015, le créateur de Windows lançait son mode Continuum, poussé par le Lumia 950. Grâce à un dock – vendu en option, l’utilisateur peut connecter son smartphone à un clavier, une souris et un écran. Mais les limites sont rapidement atteintes. Malgré ses airs de Windows 10, le bureau est loin d’apporter les mêmes fonctionnalités. L’utilisateur ne peut créer de raccourcis, ou même utiliser deux logiciels côte à côte.
Le sud-coréen propose un outil plus abouti en incluant ces deux fonctionnalités. La déclinaison d’Android créée pour l’occasion nous offre une expérience bien plus proche de celle d’un ordinateur de bureau. Pouvoir ouvrir une page Excel à côté d’une fenêtre Word est la moindre des choses lorsqu’on désire assurer un minimum de productivité.
Un smartphone qui va se vendre
Malgré ses qualités, le Lumia 950 n’a pas été un succès commercial. Actuellement, la gamme des Windows Phone se résume à deux appareils, le HP Elite X3 et le Acer Liquid Jade Primo. Deux modèles peu connus du grand public. L’avenir du Galaxy S8 est bien différent. Sauf surprise, il devrait s’écouler à des millions d’exemplaires dans le monde. Contrairement à Microsoft, Samsung pourra s’appuyer sur une immense communauté d’utilisateurs.
Un meilleur environnement logiciel
Avec cet atout, le sud-coréen pourrait convaincre les développeurs d’adapter leurs applications à sa version dérivée d’Android. Ce que Microsoft n’est jamais parvenu à faire. Et même le géant américain y croit, puisqu’il a accepté de retravailler sa suite Office pour l’occasion. Un partenariat a également été noué avec Adobe, concernant ses applications de retouche photo. Enfin, il est possible de se connecter à une machine virtuelle – sous Windows – en passant par une application signée Citrix.
Des applications… mobiles
Même si de nombreuses applications comme Photoshop, Excel ou Word sont accessibles sur grand écran, elles ne peuvent pas toujours rivaliser avec leurs versions Windows ou Mac. Le Galaxy S8 reste une plateforme mobile, avec les performances et l’optimisation qui vont avec. A titre d’exemple, la version de Lightroom que nous avons pu tester comporte les mêmes fonctionnalités que la version mobile. Elle est donc bien moins riche que la version originale. Cet exemple montre que malgré les efforts de Samsung, le Galaxy S8 n’a tout simplement pas la même architecture matérielle qu’un ordinateur.
Pour qui?
Sur le papier comme après nos premiers tests, on constate que Samsung a fait mieux que Microsoft, et que le temps pourrait lui permettre d’aller encore plus loin. Reste une question existentielle: qui sera intéressé? Du côté du grand public, l’investissement est conséquent. Hormis l’accessoire (149 euros), il faudra s’offrir un ensemble clavier/souris/écran. La question de la mobilité se pose également, Samsung n’ayant pas annoncé de version portable, comme peut le faire HP avec sa station d’accueil. Un projet auquel songe aussi Apple. Du côté des professionnels, il faudra faire avec des applications bridées. Si l’offre de Samsung est la plus aboutie, il est difficile de connaître le marché qui sera prêt à l’accueillir.
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