Eh bien, tel que c’est parti, le Mondial 2002 n’aura pas l’Alsace et la Lorraine ! Et les Alsaciens et les Lorrains n’auront pas le Mondial 2002, du moins pas à la radio. La faute au Sud ! La faute à RMC, qui avait pourtant réalisé un joli coup en barbotant au nez d’Europe 1, de RTL et de Radio France l’exclusivité de la diffusion radiophonique de la compétition… Les polémiques éthiques, voire philosophiques, sur le droit à l’information, sur le foot comme spectacle, ou comme nourriture terrestre à acheminer au mieux pour l’appétit de tous, n’y avaient rien changé. RMC était bien décidée à tirer la couverture à elle, et uniquement à elle.Sauf que voilà… la couverture de RMC est bien trop petite. La radio n’arrose pas tout le territoire national, notamment pas le Nord et l’Est de la France. On imagine déjà la détresse, pour ne pas dire le désarroi, sans même parler de la colère bleue (c’est bien le moins), du chauffeur de taxi mulhousien, ou du routier chargé d’acheminer une livraison à Strasbourg, et incapable d’ouïr sur les ondes les exploits de son équipe cocardière. Au-delà du Champenois, point de retransmission des matchs dans le poste à galènes ? Ma foi, c’est d’un véritable apartheid radiophonique dont il s’agit là, d’une guerre de sécession footballeuse, dont on est en droit, nous aussi, de craindre le pire. Pour poser la question le plus juridiquement du monde, les droits de diffusion et de retransmission, c’est une chose, mais qu’en est-il des devoirs ? RMC sent bien que son affaire juteuse est en train de prendre des proportions douteuses. Et la radio du Rocher de prendre sa plus belle plume pour en appeler, ni plus ni moins, au président de la République de tous les Français, ceux d’en bas de l’Hexagone comme ceux d’en haut, nos amis les Ch’timis. Est-ce que le service public, autrement dit Radio France, ne pourrait pas donner un coup de pouce citoyen à RMC, en relayant les matchs au nord et à l’est du pays ? Jacques Chirac est donc une nouvelle fois le garant de la République, une et indivisible. Redisons-le haut et fort : non au communautarisme. Liberté du foot, égalité du foot, fraternité du foot, telle doit être, RMC ou pas, la devise du pays des droits de lHomme et de Zizou.* Journaliste et essayiste
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