Un PDG de la Silicon Valley applaudi par un Parlement européen au complet ? Il n’y a qu’Apple pour réussir un tel exploit. Invité d’honneur de l’ICDPPC (International Conference of Data Protection & Privacy Comissioners), Tim Cook s’est montré très sévère sur la manière dont sont collectées les données personnelles des utilisateurs. Un bon moyen de promouvoir le modèle économique d’Apple, qui insiste sur l’importance de protéger la vie privée, tout en tapant sur la concurrence.
Une ère de « surveillance »
Difficile d’être surpris par les déclarations de Tim Cook ce 24 octobre. Depuis l’affaire de San Bernardino en 2016, où le PDG d’Apple s’était publiquement opposé aux demandes du FBI de déverrouiller l’iPhone d’un terroriste, Apple se pose comme fervent défenseur de la vie privée. Erigeant en doctrine que l’utilisateur soit le seul maître de ses données et que l’entreprise n’ait accès qu’à l’indispensable. Les informations importantes, comme les empreintes digitales ou le masque 3D du visage, ne sont par exemples stockées que sur une puce en local.
Devant le Parlement européen, Tim Cook a dénoncé « la surveillance qui ne sert qu’à enrichir les entreprises qui les collecte » rappelant que la première publicité du Macintosh mettait en lumière 1984 de George Orwell, qui imaginait déjà de telles dérives. « Nous ne pourrons jamais atteindre le potentiel maximum de la technologie sans la confiance totale des gens qui l’utilisent ».
Dans le viseur de Tim Cook : des entreprises comme Google et Facebook, souvent pointées du doigt pour leurs manquements quant à la protection de leurs utilisateurs. Le successeur de Steve Jobs décrit un « complexe industriel de la donnée », enfermant les utilisateurs dans des bulles. « Si vous êtes une personne qui aime le vert, vous lirez des informations alarmantes sur la menace que posent ceux qui aiment l’orange ». Une description laconique des algorithmes utilisées par ces géants du Web, qui transforment les données personnelles en outils pour isoler les gens. « Ces entreprises vous connaissent mieux que vous ne vous connaissez vous-même […] ça devrait nous mettre mal à l’aise.»
https://twitter.com/ElisaBraun/status/1055023989704278016
Tim Cook veut un RGPD à l’américaine
Après avoir salué à plusieurs reprises le travail de l’Europe sur le RGPD (règlement général à la protection des données), Tim Cook a appelé son pays à adopter sa propre version de la loi européenne. « Nous soutenons une loi sur la protection de la vie privée très complète aux Etats-Unis ». Une proposition loin de faire l’unanimité chez les GAFA, à laquelle répondront certainement Mark Zuckerberg (Facebook) et Sundar Pichai (Google), auditionnés par appel vidéo cet après-midi.
Notons que si Cook semble très strict quant au droit d’accéder à ses données et la possibilité de les supprimer, rien n’a été dit sur leur portabilité, un point sur lequel Apple est souvent critiqué. Par exemple, un abonné Apple Music ne peut pas transférer ses playlists sur Spotify, et les conversations iMessage ne peuvent être exportées vers une autre application…
Une heure et demie après la fin de son allocution, Tim Cook a publié sur Twitter un résumé en sept tweets de son appel à légiférer les données aux Etats-Unis. Les attaques envers Google et Facebook ont disparu du discours, le patron d’Apple préférant se concentrer sur la vie privée des utilisateurs.
GDPR has shown us all that good policy and political will can come together to protect the rights of everyone.
— Tim Cook (@tim_cook) October 24, 2018
En montrant son iPhone, Tim Cook a conclu en rappelant que Steve Jobs apportait lui-même une importance primordiale à la confidentialité et insistait sur l’importance de ne jamais trahir l’utilisateur. Si vous souhaitez écouter son discours dans son intégralité, le Parlement européen propose de le revoir sur Periscope.
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