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Le deuxième fournisseur de fusées de la NASA est à vendre, mais personne n’en veut

La coentreprise United Launch Alliance (ULA), deuxième fournisseur de fusées de la NASA, est à vendre depuis plus de dix mois. Problème, ni SpaceX, ni Blue Origin, ni Rocket Lab ne sont intéressés. Qui des entreprises du « new space » acceptera de la récupérer ?

Boeing a du mal à gagner le cœur de la NASA, après les difficultés rencontrées sur sa capsule Starliner. Pourtant, son activité dans l’industrie de l’aérospatiale ne se limite pas qu’à sa filiale Boeing Defense, Space & Security. Depuis 2006, l’Américain possède une coentreprise avec Lockheed Martin Space, appelée la United Launch Alliance (ULA). Fondée il y a 17 ans, elle est le deuxième fournisseur de fusées de la NASA, en développant les lanceurs Vulcain Centaur, et Atlas V.

Le temps est passé et les deux sociétés derrière la United Launch Alliance veulent désormais s’en débarrasser. Depuis 2023, celle-ci est à vendre, et aurait dû trouver un repreneur cette année 2024. Problème, les concurrents du secteur de l’aérospatiale ne se sont pas bousculés et n’ont pas fait monter les enchères. Si bien qu’aujourd’hui, selon l’agence Reuters, seul un nom figurerait parmi les prétendants, et le prix d’acquisition ne serait pas élevé : entre 2 et 3 milliards de dollars.

Boeing ne veut plus de la United Launch Alliance

La United Launch Alliance lançait Vulcain Centaur pour remplacer Atlas V, ne plus dépendre de la fourniture de moteurs russes, et pour tenir le coup face à l’arrivée de nombreux nouveaux lanceurs apparus depuis les années 2010 par de nouvelles entreprises du new space, avec en tête de file SpaceX. ULA n’est pourtant pas dans le dur non plus, avec 1,3 milliard de dollars générés en 2022, et une cadence de lancements qui s’est accélérée en 2024 après un creux en 2023.

Il semblerait pourtant bien que l’impopularité de sa vente symbolise l’avance dont se sont emparées les nouvelles entreprises de l’aérospatiale, en matière de modèle d’affaires, de moyens et de technologies. D’un point de vue tarifaire, il est devenu impossible de rivaliser et Boeing a préféré se rétracter, et privilégier le développement de ses propres technologies, sans l’aide ni le regard de Lockheed Martins Space.

Face aux 98 fusées lancées en 2023 par SpaceX, difficile de rivaliser. D’ailleurs, l’entreprise d’Elon Musk ne voit en ULA aucune concurrence ni aucun intérêt de rachat. Blue Origin, l’entreprise du spatial lancée par le fondateur d’Amazon Jeff Bezos, est elle aussi désintéressée par la United Launch Alliance, malgré un contrat signé entre les deux entreprises qui fait de Blue Origin le fournisseur des moteurs BE-4 de la fusée Vulcain.

Sierra Space, seul intéressé par la United Launch Alliance

Selon Reuters, le seul intéressé par un rachat de la United Launch Alliance en 2024 serait Sierra Space. Il s’agit de la filiale de la société de défense privée Sierra Nevada Corporation, qui fournit à la NASA et à l’Armée américaine des systèmes permettant de modifier des avions, et leur intégrer divers équipements, notamment pour le spatial. Un acteur de référence donc, mais peut-être trop petit pour s’attaquer à un dossier de rachat comme celui de United Launch Alliance.

Fondée il y a plus de 60 ans, la société est toujours une entreprise privée, qui ne pourrait certainement pas débourser 3 milliards de dollars dans ULA sans passer par une introduction en Bourse. C’est en tout cas l’avis de Rich Smith, un éditorialiste du média The Motley Fool, spécialisé dans l’investissement, qui voyait tout de même une faisabilité si la Sierra Nevada Corporation décidait de racheter ULA puis d’entrer en Bourse directement.

Dans ce cas, les investisseurs pourraient y trouver du sens, à savoir de se pencher sur une entreprise de la taille et des capacités de SpaceX en Bourse. À moins que new space ait vraiment de quoi enterrer les anciens acteurs américains ?

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Hadrien Augusto
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