L’annonce des pourparlers entre Logica et CMG n’a pas beaucoup surpris les observateurs. “Il y a quelques semaines, CMG a annoncé ses résultats trimestriels en faisant basculer quelques données financières positives relatives à leur activité mobile du quatrième au troisième trimestre de leur exercice, commente Michelle de Lussanet, analyste spécialisée dans les mobiles chez Forrester Research. En faisant cela, CMG se positionnait clairement comme une cible.” Le vainqueur désigné semble bien être Logica.Cette société de services informatiques britannique a en effet annoncé le 8 octobre qu’elle discutait avec son homologue anglo-néerlandais CMG d’un projet de fusion qui devrait se concrétiser par une offre d’échange d’actions. À l’issue de la transaction, les actionnaires de Logica détiendraient 60 % du nouveau groupe, tandis que ceux de CMG rapatrieraient 40 % de la société.
Brève euphorie
Au total, le rapprochement valoriserait l’ensemble du groupe à plus d’1,5 milliard d’euros, ce qui positionnerait la nouvelle structure à la troisième place des sociétés informatiques en Europe, après Cap Gemini Ernst & Young et Atos Origin. Les marchés financiers ont d’abord accueilli la nouvelle avec enthousiasme. À la clôture de la Bourse de Londres, le 8 octobre, le titre Logica enregistrait une hausse de 7,2 % à 134 pence tandis que l’action CMG bondissait de 48 % à 59 pence.Euphorie de courte durée : dès le lendemain, les deux sociétés enregistraient une baisse égale de 9 % de leur cours. “Nos clients ont une attitude très ambiguë, commente David Buik, chez Cantor Fitzgerald. Cette transaction est perçue comme un sauvetage nécessaire permettant aux sociétés de centraliser leurs ressources, leurs clients et leurs produits afin de réduire les coûts. Mais il peut se passer beaucoup de temps avant que les bénéfices de la transaction aient un impact pour les actionnaires.”Et, de fait, CMG et Logica, à l’image de nombre de SSII européennes, ont perdu près de 80 % de la valeur de leur action depuis le 31 décembre 2001. Pour nombre d’analystes, la transaction ne serait qu’une action défensive, destinée à lutter contre le ralentissement général des services IT.Néanmoins, aucun ne se risque à condamner le bien-fondé d’une telle union. “Ces deux sociétés se ressemblent beaucoup et certaines de leurs activités se chevauchent, commente Michelle de Lussanet. L’union de leurs savoir-faire en matière de plateformes de messageries textes en fera un sérieux compétiteur face à des sociétés comme Nokia ou Ericsson.”À l’apogée de la bulle internet, les deux sociétés avaient en effet été propulsées parmi les 100 premières valeurs de l’indice FTSE grâce à leurs compétences en matière de logiciels de messagerie mobile. Or, l’arrivée sur le marché de nouveaux compétiteurs avait tenu en échec ?” ou presque ?” toute possibilité de vendre leurs logiciels aux principaux opérateurs de téléphonie mobile. Une fusion permettrait d’augmenter la pression sur les prix. Au-delà d’une complémentarité des modèles économiques, les deux entités pourront aussi mieux financer la recherche et le développement : la relative faiblesse du bilan financier de CMG ?” ses dettes s’élèvent à 345 millions d’euros ?” est en effet compensée par les disponibilités en cash de Logica à hauteur de 198 millions d’euros.Face à cette annonce, certains évoquent déjà la possibilité de nouvelles consolidations dans les SSII en Europe. Une analyse qui vise en particulier des pointures plus modestes. “L’industrie est encore en surcapacité et les fusions constituent le meilleur moyen de la soulager”, commente un analyste d’Investec Securities. Personne, pour autant, ne se risque à évoquer des noms.
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