Il n’a fallu que quelques semaines à la brigade de gendarmerie de Niort (Deux-Sèvres) pour résoudre une affaire d’escroquerie en ligne un peu inhabituelle dans ce département tranquille de Poitou-Charentes. Trois personnes ont été interpellées le 26 juin dernier pour avoir escroqué plusieurs sites de vente en ligne, dont ceux de Teleshopping, Cyrillus, Darty, Daxon et Verbaudet. En un an et demi, 200 000 euros de marchandises ont été frauduleusement commandées par ce trio infernal… composé de deux mères de famille – deux sœurs – et du conjoint de l’une d’entre elles. Les trois prévenus ont reconnu les faits.
L’escroquerie avait été mise sur pied par l’une des sœurs, âgée de moins de 30 ans. Elle consistait à commander en ligne des articles peu volumineux (outillage à main, petit électroménager, produits de beauté…) en utilisant de faux numéros de carte bancaire. Les numéros, entièrement factices, étaient générés par un logiciel de carding, un programme pirate obtenu sur Internet.
Deux cents identités phonétiquement proches
« Il est relativement simple de générer un numéro qui semble conforme, car l’algorithme de composition est connu », précise Joël Grellaud, maréchal des logis-chef spécialiste des nouvelles technologies, qui a participé à l’enquête. « En revanche, il est beaucoup plus difficile de créer une date de validité et un cryptogramme cohérents. Mais ils ne sont vérifiés qu’au moment de la demande d’autorisation bancaire. » Le trio saisissait donc des dates et des cryptogrammes fantaisistes, mais devait éviter les procédures de vérification bancaire immédiate : en sélectionnant par exemple des articles peu coûteux ou en demandant un paiement « en trois fois sans frais ».
Pour ne pas éveiller les soupçons, les escrocs utilisaient 200 identités différentes, en changeant juste une ou plusieurs lettres mais en gardant la structure phonétique de leur nom. « Pas de quoi égarer le facteur, mais assez pour tromper les systèmes informatiques qui recoupent les fichiers… Les sites escroqués sont déjà en train de combler cette faille », explique Joël Grellaud. Sur les 200 000 euros de marchandises commandées, des articles correspondant à un montant global de 89 000 euros ont effectivement atterri dans les mains des fraudeurs. Lesquels les revendaient ensuite sur des sites d’occasion comme eBay ou LeBonCoin.
Saisie en février dernier à la suite d’une plainte de Teleshopping, la brigade de recherches de Niort a remonté le fil de l’affaire en repérant les adresses de livraison et les identités phonétiquement proches ou encore les numéros de portable parfois saisis par les escrocs sur les sites d’occasion. Une fois les adresses IP identifiées, le « gang des mères au foyer » a été interpellé en mars et déféré au tribunal de Niort vendredi dernier. Le jugement aura lieu en août prochain. Les escrocs encourent jusqu’à 375 000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement.
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