L’opérateur historique allemand jette un pavé dans la mare. Comme pour ses forfaits mobiles, il souhaite introduire un bridage dans la consommation mensuelle de données: au-delà d’un certain volume de données, le débit serait abaissé à 384 kbit/s, ce qui est juste suffisant pour lire ses emails.
Cette information a été révélée par un blog high-tech (Fanboys.fm), qui a mis la main sur des documents confidentiels de l’opérateur historique. Celui-ci prévoit, ainsi, d’introduire cette limitation pour le 2 mai 2013 pour l’ensemble de ses offres fixes : DSL, VDSL et Fibre optique. Le bridage se déclencherait à partir de 75 Go sur les offres DSL, 200 Go sur les offres VDSL et 300 ou 400 Go sur les offres Fibre optique. Au-delà de ce volume, les utilisateurs devront payer un supplément.
Des infrastructures trop lourdes à financer
Dans une note de blog, l’opérateur ne confirme pas formellement l’arrivée de ce bridage, mais il admet que des « réflexions » à ce sujet sont en cours et que – quoi qu’il arrive- les contrats déjà signés ne seront « pas modifiés ». Par ailleurs, la société explique pourquoi un tel bridage aurait du sens. « Comme tous les exploitants de réseaux, Deutsche Telekom se trouve devant un grand problème. D’un côté la consommation de données croît de manière exponentielle. Il faut donc renforcer l’infrastructure et cela coûte des milliards d’euros. D’un autre côté, les prix dans les télécoms s’orientent depuis des années que dans un seul sens : vers le bas et de manière rapide », peut-on lire dans cet article.
L’opérateur estime, par ailleurs, que cette façon de faire serait plus équitable : « Seuls les clients qui auraient besoin de plus de volume devront payer. Jusqu’à présent, tous les clients subventionnent, en réalité, l’usage intensif d’un petit nombre de clients ». Cette information s’est évidemment diffusée dans la presse allemande comme une trainée de poudre. Chez certains utilisateurs, c’est le cri de colère. « Si c’est vrai, alors je vais arrêter tous mes contrats avec Deutsche Telekom », peut-on lire dans un commentaire. « Cette stratégie est totalement nulle », lit-on dans un autre.
Le marché français est différent
Depuis des années, le bridage du fixe est un sujet de réflexion au sein de l’industrie télécoms européenne, qui aimerait bien abandonner le modèle du forfait tout compris. D’ailleurs la commissaire européenne Neelie Kroes en personne s’était prononcée récemment en faveur « d’offres internet différenciées ». Mais jusqu’à présent aucun acteur n’est réellement passé à l’acte. Cette fois-ci, l’heure a semble-t-il sonné, en tous les cas pour les internautes allemands. Cela va-t-il se répercuter sur le marché français ? Difficile à dire, car le marché n’est pas du tout pareil. Outre-Rhin, les offres triple-play ne sont que peu développées. On voit mal un opérateur français introduire un bridage dans le fixe tout en intégrant la télévision sur Internet dans sa « box ». Cela n’aurait pas de sens.
Mais le bridage n’est pas tabou en France pour autant. L’un des grands spécialistes dans ce domaine est Free, par exemple en limitant les flux vidéos YouTube ou en faisant payer la télévision de rattrapage. Autant de moyens détournés qui permettent de limiter l’usage ou, du moins, de mieux le rentabiliser, même si ce n’est pas fait de manière aussi brutale que l’envisage Deutsche Telekom. C’est peut-être bien le début de la fin du forfait tout compris…
Sources :
La note de blog de Fanboys.fm (allemand)
La note de blog de Deutsche Telekom (allemand)
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