Cela peut se comprendre : dans chaque nouvelle annonce d’introduction sur les marchés, beaucoup veulent voir le retour des festivités. Société britannique spécialisée dans les logiciels de gestion de la relation client (GRC), Detica a justement annoncé son intention d’entrer sur la Bourse de Londres en juin prochain avec une capitalisation boursière de 160 millions d’euros. Claironnée le 18 mars avec de gros moyens de communication, l’information a comblé d’aise une communauté financière en perte de foi technologique outre-Manche. Et pour cause : la dernière IPO d’une société high-tech sur le London Stock Exchange (LSE) remonte à tout juste un an. Il s’agissait alors de l’introduction de Marlborough Sterling, société spécialisée dans les logiciels financiers.
Fin de traversée du désert ?
Annonce isolée, l’introduction de Detica semble pourtant avoir ouvert la porte à tous les espoirs pour les sociétés technologiques. “Il est encore trop tôt pour prédire un quelconque retour en grâce des sociétés high-tech, commente un représentant du LSE. Mais, à la différence des mois passés, il y a aujourd’hui quelques signes encourageants venant du marché des introductions et l’annonce de Detica en fait partie.” Une bonne nouvelle donc, qui marque aussi le retour des IPO sur le Techmark. En effet, depuis l’introduction de MMO2, la filiale de téléphonie mobile de British Telecom en novembre dernier, le marché britannique des valeurs de croissance avait été complètement déserté pour cause de frilosité des investisseurs. Detica marquerait donc la fin de la traversée du désert pour cette place boursière : “Les marchés sont aujourd’hui saturés par des sociétés qui ne répondent pas aux attentes, note David Buik, analyste chez Cantor Index. Contrairement à beaucoup d’entre elles, Detica peut au moins se vanter d’avoir déjà réalisé des bénéfices.”Précisément, la santé financière de l’entreprise semble avoir été à l’origine de la décision d’entrer en Bourse : “Évidemment, nous avons réfléchi longuement avant de nous lancer dans cette aventure, mais nous étions beaucoup plus motivés par nos performances commerciales que par l’état du marché”, commente Tom Black, CEO de Detica. En augmentation de 25 % depuis deux ans, les ventes de logiciels de GRC de la société ont en effet généré des revenus de 43 millions d’euros pour l’exercice 2001 et les bénéfices avant impôts sont en augmentation de 40 %, établies à 7,5 millions d’euros pour la même année, en regard de l’année 2000. “Nos conseillers nous avaient clairement indiqué que le marché se montrerait ouvert à une société possédant de bons résultats financiers, une équipe manageriale robuste et travaillant sur un segment porteur tel que la gestion de la relation client”, poursuit Tom Black.Créée en 1977 sous le nom de The Smith Group à Guildford, dans le sud de la Grande-Bretagne, Detica est d’abord spécialisée dans la fourniture de services de sécurité de l’information au ministère de la Défense britannique. Vingt ans après, la société a mis en place un management buy-out (rachat par les dirigeants), soutenu par le capital-risqueur Candover, qui l’a aidée à se recentrer autour d’une activité principale de conseil et d’édition de logiciels de gestion de la relation client. Cette activité couvre désormais 56 % du chiffre d’affaires de la société, qui dispose dans sa clientèle britannique de plusieurs jolies blue chips (sociétés high-tech de premier plan), dont BT Cellnet, la banque Lloyds TSB ou encore la compagnie de gaz Centrica.
Tous les actionnaires dilués
Le prix de l’action de Detica été fixé, le 8 avril dernier, dans une fourchette de 440 à 510 pence (entre 7 et 8,2 euros), ce qui porte la valeur de la société à 102 millions de livres, soit environ à 165 millions d’euros. Aujourd’hui, l’entreprise est contrôlée à 40 % par Candover, tandis que le reste de l’actionnariat se partage entre l’équipe managériale (31 %) et les employés (29 %). Une répartition que l’introduction en Bourse devrait modifier : le capital-risqueur cédera alors plus de la moitié de ses actions tandis que les employés de la compagnie pourront se séparer de 20 % de leurs biens ; Tom Black a lui-même confirmé la vente de 12 % de ses actions. L’introduction boursière devrait permettre de lever près de 26 millions d’euros. “La moitié de cet argent servira à rembourser la dette de la société ainsi que des actions préférentielles tandis que les 13 millions d’euros restants seront destinés à financer les plans d’expansion de Detica”, explique le CEO. Très attendue par les marchés, cette IPO pourrait bien faire des émules : “Il est évident que si notre introduction rencontre le succès, d’autres sociétés se précipiteront sur le marché”, commente Tom Black. De toute évidence, Detica fera donc office de test. Résultat connu dès juin.* à Londres
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