Après une période de flottement, la Commission européenne réagit. Dans un communiqué laconique, l’exécutif européen explique, ce vendredi 17 janvier, prendre « des mesures d’enquête supplémentaires dans le cadre de la procédure du DSA (le règlement européen sur les services numériques) en cours contre X », la plateforme d’Elon Musk. Il s’agit cette fois de « faire la lumière sur la conformité des systèmes de recommandation de X avec les obligations du DSA », explique Henna Virkkunen, la vice-présidente de la Commission chargée de la Souveraineté technologique, citée dans le communiqué.
Le milliardaire, qui sera bientôt un conseiller spécial de Donald Trump à la Maison-Blanche, a été vivement critiqué sur le Vieux continent pour ses immixtions dans les élections allemandes, et son soutien à la candidate locale d’extrême droite de l’AFD, candidate avec qui il s’est entretenu le 9 janvier sur sa plateforme. Il est aussi accusé de favoriser, avec son algorithme, la visibilité de certains contenus (comme les siens ou ceux diffusés par des personnalités qu’il soutient), au détriment d’autres.
Cette annonce marque un changement de cap, trois jours avant l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche. La Commission européenne marchait jusque-là sur des œufs. D’un côté, elle craignait de fâcher le futur président américain avant son investiture le 20 janvier prochain, ce dernier ayant promis d’augmenter les droits de douane, ou de faire cesser la guerre en Ukraine « en vingt-quatre heures ». De l’autre, elle devait réagir fermement face aux différentes déclarations de patrons de la tech américaine de ces dernières semaines. Mark Zuckerberg a notamment accusé les lois européennes sur le numérique d’être, ni plus ni moins, de la « censure », les règles antitrust de l’UE étant décrites comme « des droits de douane ».
L’annonce de ce jour de la Commission intervient aussi plus d’un an après l’ouverture d’une enquête formelle de Bruxelles contre la plateforme du milliardaire, la toute première sous l’égide du DSA, le règlement européen sur les services numériques. La société est soupçonnée de ne pas respecter ses obligations en matière de transparence et de lutte contre les contenus illicites et contre la désinformation sur X.
La Commission veut en savoir plus sur les algorithmes et les systèmes de recommandations de X
Désormais, la Commission européenne formule trois nouvelles demandes à X : la plateforme doit « envoyer des documents internes sur les changements d’algorithmes, conserver toutes les données relatives à ces modifications, et donner accès aux API commerciales ». Ces « interfaces techniques avec son contenu permettent d’obtenir des informations directes sur la modération du contenu et la viralité des comptes », explique l’exécutif européen dans son communiqué.
En d’autres termes, la Commission veut en savoir plus sur les algorithmes et les systèmes de recommandations de X. La plateforme a jusqu’au 15 février prochain pour « fournir une documentation interne sur ses systèmes de recommandation et toute modification récente qui y a été apportée ». Tous ces éléments permettant à la Commission d’évaluer les risques systémiques de X, et les mesures prises par la plateforme pour les atténuer : des obligations auxquelles Elon Musk, dirigeant de X, est censé se conformer.
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Source : Communiqué de la Commission européenne du 17 janvier 2025