La nouvelle est arrivée de New York : Sotheby’s s’allie à Ebay pour développer les enchères d’art en ligne. Pour les commissaires-priseurs parisiens, un tel retour en grâce du net sur le marché de l’art international doit être bien difficile à prendre au sérieux. À Drouot, l’actualité est ailleurs. Sur le devant de la scène, le PDG d’Yves Saint Laurent Couture, Pierre Bergé, a finalement renoncé à acquérir la majorité des parts de Drouot SA, détenues par les 70 études parisiennes de commissaires-priseurs, pour constituer sa propre maison de ventes. Son opération de charme avait en effet suscité la concurrence des plus grandes banques d’affaires, Rothschild, Lazard et Barclays en tête.De technologie, il n’est pas question. D’autant qu’à Drouot, l’argument n’a plus la cote depuis la faillite du groupe Nart. Pourtant, au c?”ur de la tempête déclenchée par la fin du monopole des commissaires-priseurs, le média internet aura son rôle à jouer dans la future équation économique de Drouot.Thierry Ehrmann, le PDG fondateur d’Artprice, en est persuadé. Son offre de rachat de La Gazette de Drouot, le célèbre hebdomadaire d’annonces de ventes publiques, en témoigne. Sa vision du marché de l’art ? “A small but global market”
(*). Aussi a-t-il conçu Artprice comme une banque de données mondiale qui rassemble livres de cotes et archives des ventes publiques. C’est à ce titre qu’il est entré dans la bataille financière de Drouot SA, avec en ligne de mire le rachat d’Auctions Press, l’éditeur de La Gazette de Drouot et du Moniteur des Ventes. Pour Thierry Ehrmann, La Gazette, une vénérable dame de plus de 120 ans, a évidemment vocation à être exploitée en réseau.
Traçabilité des lots
L’autre porte-drapeau de la déferlante technologique balayant le faubourg Montmartre, c’est Patrick Gourdon, le PDG de la maison de vente Rossini, détenue à 65 % par le spécialiste des annonces classées Trader.com. En juillet 2001, Trader.com se porte acquéreur de trois charges de commissaire-priseur et confie à Patrick Gourdon, ancien directeur commercial d’IBM, la mission “de rendre plus profitables trois charges qui se faisaient concurrence”, sous la seule marque Rossini. Le même scénario devrait s’imposer au repreneur de Drouot, maison de vente à marque unique rassemblant plusieurs études parisiennes sous le statut de société commerciale. Avec pour élément fédérateur du fonds de commerce le datamining (l’extraction de données) et la traçabilité des lots, conçus comme outils de prospection des collectionneurs. La nouvelle organisation sera opérationnelle d’ici à l’été.Et les enchères en ligne ? Patrick Gourdon y croit. Comme outil virtuel de prise d’ordre pour une vente réelle. Les spécialistes français des enchères en ligne, Collecties.com et Eauctionroom.com, sont dailleurs eux aussi candidats au statut de maison de vente.(*) Un marché petit, mais mondial.
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