Imaginez une salle dans laquelle vous pénétrez affublé de lunettes et d’une manette sans fil. Lorsque le noir se fait, vous êtes immergé dans une représentation virtuelle 3D d’une voiture. Dans une librairie, vous “saisissez” des objets, eux aussi représentés en trois dimensions, et composez le cockpit du véhicule. Cette salle virtuelle est devenue réalité depuis début mars. Baptisée Move, c’est le premier site immersif de réalité virtuelle (RV) à vocation industrielle en France. Coût total : un peu plus d’1,5 million d’euros. Pour PSA Peugeot Citroën, partenaire de l’Ensam (École nationale supérieure des arts et métiers) dans son développement, cette salle est une arme stratégique. Elle vient parachever un investissement de 3 ans dans la RV. Le groupe automobile dispose déjà du programme LC3A (Logiciel de conception avancée d’architecture automobile) à partir duquel des maquettes à l’échelle 1/18e sont réalisées. Ces copies miniatures des autos, construites par une ” imprimante ” à projection de gouttelettes de cire, remplacent les sculptures manuelles d’antan. Avantage : l’opération prend une journée à une seule personne, là où il fallait mobiliser trois personnes pendant trois semaines auparavant. À la fin de l’année prochaine, le premier véhicule conçu grâce au LC3A sera sur les routes. Autre système, le VIR (Virtual in Reality) est pour sa part destiné aux stylistes et designers. Il leur permet de confronter leur projet au monde réel. La représentation virtuelle d’une voiture est ainsi intégrée dans un décor réel préalablement filmé (compter tout de même 1 000 à 2 000 euros par plan) et réutilisable à l’infini.Toutes ces technologies visent à réaliser des gains concurrentiels. Alors que le délai de sortie d’une voiture est de 3 ans actuellement, PSA Peugeot Citroën mise sur la réalité virtuelle pour réduire à 2 ans le processus. “Les deux facteurs principaux sont la maîtrise des coûts et l’augmentation du nombre de solutions étudiées”, explique Jean Lorisson, responsable systèmes d’information et réalité virtuelle du groupe français.
Une évolution incontournable
Les enjeux sont doubles : intégrer plus rapidement les innovations techniques et assurer de meilleures prestations d’usage des véhicules (visibilité, confort, sécurité, qualité, ergonomie). “Au bout de la chaîne, les gammes de voitures seront plus diversifiées”, conclut Jean Lorisson. Pour l’heure, la relation entre l’investissement dans ces technologies et les gains effectifs n’est pas quantifiable. “De toute façon, la question ne peut se résumer au seul ROI [Return on Investment, retour sur investissement, ndlr], insiste le responsable. J’en veux pour preuve la situation de la CAO [conception assistée par ordinateur] dans notre industrie. Aucun acteur n’existe sans cela. Dans 10 ans, la problématique sera la même pour la réalité virtuelle.” Et le marché semble effectivement en prendre le chemin : des sites de Mercedes, Opel et BMW sont déjà équipés de salles de RV.
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