Décidément, la lutte contre le piratage est une affaire compliquée. Alors que l’Hadopi assure qu’elle est prête à lancer la “ troisième phase ” de son action, au printemps prochain, un blogueur vient de faire des constatations confondantes. Nicolas Perrier (www.nikopik.com) s’est amusé à utiliser le site www.YouHaveDownloaded.com en y passant au crible les 65 025 adresses IP du ministère de la Culture. Simplissime à utiliser, le site a observé tous les échanges ayant lieu sur les réseaux P2P et a conservé dans une base de données toutes les adresses IP des téléchargeurs associés aux noms des fichiers téléchargés. Tout comme le fait l’entreprise Trident Media Guard, le prestataire qui espionne les réseaux d’échange pour le compte de l’Hadopi. Or, qu’a constaté Nicolas Perrier ? Naturellement, comme cela avait déjà été noté quelques jours auparavant pour des adresses appartenant à l’Elysée et d’autres à la RIAA (le gendarme américain de l’industrie du disque), que le piratage se cache parfois là où on l’attend le moins.C’est un florilège de fichiers pirates qui aurait été téléchargé depuis la rue de Valois : de Cowboys vs Envahisseurs à Conan le barbare, en passant par des albums de David Guetta, des jeux vidéo, des séries télévisées à foison… Un mélomane a même, semble-t-il, osé pirater Justin Bieber. L’Elysée avait déjà opposé un démenti absolu à l’utilisation de ses ordinateurs pour effectuer du piratage. Le ministère de la Culture n’a donc pas tardé à démentir à son tour.Aucun téléchargement de ce type n’a pu, selon lui, être effectué en son sein, puisque “ la configuration de son réseau empêche la connexion à des réseaux de pair à pair ”. Réjouissons-nous ! Car nous tenons donc désormais une ligne de défense contre les allégations de l’Hadopi : lorsque celle-ci vous reprochera un défaut de sécurisation de votre réseau, vous n’aurez qu’à répondre que les téléchargements constatés ne peuvent avoir eu lieu depuis chez vous puisque vous n’autorisez pas la connexion aux réseaux P2P…
Une procédure invérifiable
Bref, les arguments les plus flous semblent suffire au ministère de la Culture pour justifier son évident “ défaut de sécurisation ”. Heureusement, l’Hadopi a volé au secours de son ministère de tutelle, afin de fournir quelques arguments plus solides. Car l’affaire a permis de mettre en lumière l’un des défauts majeurs de la procédure de détection des pirates, avancés par les anti-Hadopi dès les premiers débats : l’adresse IP est loin d’être une donnée fiable. L’Hadopi considère donc que son prestataire, TMG, ne se contente pas d’un relevé d’adresses, mais vérifie la réalité de l’échange de fichiers à un instant précis. Il faudra croire la Haute Autorité sur parole, car la procédure de TMG est particulièrement opaque. La Cnil elle-même regrette qu’aucune homologation du système n’ait été faite par un tiers et que les seuls audits prévus soient internes… Bref, pour le piratage, la ligne du Gouvernement est claire : “ Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! ”…
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