La compression vidéo et la norme DV (Digital Vidéo), adoptée par les grands fabricants de caméras et qui facilite le montage de séquences, ont révolutionné la vidéo numérique. De la table de montage onéreuse, les grandes sociétés de production sont passées à des systèmes informatiques composés d’une carte d’acquisition et d’un logiciel plus ou moins bon marché selon la qualité de vidéo désirée. La réalisation de vidéos de qualité est aujourd’hui à la portée de n’importe quelle entreprise, et même du particulier.Si tout le monde peut produire des vidéos de qualité, et que l’infrastructure publique d’Internet permet de les diffuser à moindre coût, il faut s’attendre à des révolutions importantes dans le monde professionnel de la vidéo, et notamment de la télévision. Pour l’heure toutefois, les Codecs des serveurs de vidéo du Web sont loin d’offrir la qualité d’image de nos télévisions. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas le faire. Synonyme de qualité d’image, la norme de compression MPeg 2 reste encore trop gourmande en débits pour les infrastructures Internet. MPeg 4, son successeur, a spécialement été conçu pour les débits d’Internet. Ce format est toutefois loin d’offrir la même qualité d’image. Raison pour laquelle RealNetwork et Apple ont préféré rester sur leur Codecs propriétaires, contrairement à Microsoft qui, une fois n’est pas coutume, a adopté le standard de compression dans son format streaming, ce qui n’empêche pas ce dernier d’être propriétaire.
Un codec par lecteur de multimédia
Qu’elles soient réalisées à partir de caméras numériques DV ou de Betacam, les vidéos subissent une compression avant d’être diffusées sur le Web. Né en 1992, le premier Codec MPeg a été conçu pour les CD-Rom, les vidéodisques et les CD-I. D’une qualité équivalente à celle d’une cassette VHS, MPeg 1 offrait un débit assez limité : 1,5 Mbit/s pour un affichage optimal en 352 x 240 pixels en NTSC, la norme vidéo américaine. Plus performant, MPeg 2 prévoit un débit de 3 à 10 Mbit/s pour un affichage de 720 x 486 pi-xels, toujours en NTSC. Destiné aux diffusions haut débit par satellite ou par câble, MPeg 2 pourrait bien devenir le standard de la télévision sur IP. Pour l’heure, son ratio de compression est toutefois inadapté à l’infrastructure publique, trop limitée en bande passante.Né en 1998, MPeg 4 (la version 3 prévue pour la télévision haute définition ayant été abandonnée en cours de route) a spécialement été conçu pour Internet. Son débit de 4 800 à 64 000 bit/s (et non plus Mbit/s) pour une résolution de 176 x 144 pixels, s’adapte à la diffusion de séquences d’assez bonne qualité pour une image de taille toutefois réduite. Retenu par Microsoft pour son format de streaming ASF, ce Codec standardisé par le Moving Picture Experts Group est concurrencé par les technologies propriétaires QuickTime chez Apple et G2 chez RealNetworks (qui acceptent toutefois le MPeg mais ne le retiennent pas comme format de compression pour leur technologie streaming respective).Indissociable du format streaming, G2 repose sur la technologie SureStream de la société, qui permet d’ajuster le flux des données à la bande passante ou au débit d’un modem et adapte la taille de la fenêtre de visualisation en conséquence. Particulièrement performante sur la liaison à faible débit (et sur les hauts débits), cette technologie se distingue des autres par un encodage particulièrement rapide. Là où il faut 3 ou 4 serveurs à QuickTime, il n’en faut qu’un pour RealNetworks. Un détail qui a son importance, comme le souligne Jean-Michel Laveissière : ‘ Même quand les licences sont gratuites, il faut prévoir des coûts en ressources humaines pour gérer l’infrastructure. Au final, le gratuit n’est pas forcément le moins onéreux ! ‘. L’antériorité de RealNetworks sur le marché de la vidéo joue encore : c’est aujourd’hui le serveur qui supporte le mieux la charge, suivi de près par Microsoft, Apple arrivant bon dernier.QuickTime, pourtant, se distingue par une excellente qualité d’image en raison d’un Codec très puissant. Bâti sur un modèle similaire à la technologie de RealNetworks (Codec propriétaire), ce format adapte également la diffusion à la bande passante de l’utilisateur. Si Apple est arrivé à la traîne sur le marché de la vidéo pour le Web, il compte de nombreux adeptes dans le monde du cinéma et de la réalisation de CD-Rom avec lesquels ses deux concurrents devront compter. RealNetworks n’a d’ailleurs pas échappé à la tentation : en s’associant à Apple, leurs serveurs respectifs géreront les formats streaming des uns et des autres. L’éditeur espère bien contrer la lame de fond que ne manque pas de provoquer l’arrivée en force de Microsoft sur le marché de la vidéo sur Internet.
Bases de données et vidéo sur Internet
Parallèlement, ce sont les éditeurs de bases de données s’intéressent donc de près au streaming. ‘ 80 % des informations détenues par une entreprise sont ainsi stockées dans les bases de données, souligne Patrice Hilaire, chef produit/technologies serveurs chez Oracle. Alors pourquoi pas la vidéo ? ‘ Dans la pratique, leurs mécanismes n’ont pas été prévus pour gérer des flux concurrents d’une durée d’une heure, comme la diffusion d’un film. En revanche, leurs technologies de système de fichiers associés à la base de données favorisent une meilleure indexation des vidéos et facilite, par la suite, les recherches d’images ou de sons, que ce soit dans le cadre d’archives ou dans le cadre d’un site de commerce électronique sur Internet.Qu’elle s’appelle Datalinks (IBM), IFS (Oracle) ou OLE DB (Microsoft), l’objectif est globalement le même : pouvoir associer des données structurées (dans la base) à tout type de document, y compris la vidéo, conservée sur son serveur d’origine. Dès lors, les vidéos peuvent être enrichies de commentaires textuels ajoutés par le gestionnaire du système. Associés aux données recueillies par des logiciels tiers spécialisés dans l’indexation vidéo, tel le serveur de la société Virage avec qui Oracle, IBM et Informix ont d’ailleurs passé des accords, ils élargissent le champ de recherche. L’utilisateur n’est en effet plus obligé de parcourir la vidéo de façon linéaire pour retrouver une image : d’une simple requête comportant les critères de sélection, il peut obtenir une séquence, filtrer les images d’un film ou d’un morceau de musique, trier des images, etc. De fait, l’étendue des possibilités offertes par ces nouveaux mécanismes n’est limitée que par le travail préalablement effectué sur l’indexation des vidéos.
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