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Des puces plein la hotte

Grâce à la baisse des coûts des composants, les jouets s’essaient à toujours plus d’interactivité. Tour des rayons avant les fêtes.

Un robot espion programmable chez Lego, des insectes, distribués par Meccano, qui détectent leurs semblables par infrarouge et se battent entre eux, un poupon très interactif chez Berchet… La hotte du père Noël sera cette année plus électronique que jamais. Les jouets vont s’animer, interagir avec leurs congénères, avec les enfants… cachant derrière leurs fourrures ou leurs enveloppes plastiques, puces électroniques, capteurs, émetteurs, haut-parleurs, caméras et autres moteurs.L’intelligence envahit les jouets. La baisse du prix des composants est tombée à point pour soutenir les demandes des enfants et les stratégies des fabricants. Pour Erwan Lavarec, un des fondateurs de Wany, société spécialisée en robotique et installée à Montpellier, “créer des expériences de jeu fortement interactives est devenu incontournable pour récupérer une partie du marché phagocyté par les jeux vidéo”. Un marché qui se maintient par ailleurs à un niveau plutôt stable : 55 milliards d’euros annuels environ. “Il faut inventer des jouets que l’enfant peut diriger et voir évoluer sur le tapis de son salon”, poursuit Erwan Lavarec. Son entreprise travaille ainsi avec la plupart des grands fabricants, qui “ont tous dans leurs cartons un projet du genre, qui devrait arriver en magasin dans les deux ans”.

La robotique à pied d’?”uvre

Premières sorties cet hiver avec pléthore de jouets autonomes, évitant des obstacles ou obéissant aux ordres grâce à la reconnaissance vocale. Une tendance très récente.“Il y a trois ans, quand nous nous sommes lancés, nous n’arrivions à convaincre aucun investisseur que le développement de la robotique passait par le jouet”, continue le PDG de Wany. Cependant, les acteurs ont bien compris que, sur ce marché très disputé, il était essentiel de se distinguer: le leader du secteur, l’Américain Hasbro, ne dépasse guère les 5% du marché (3 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Le groupe a ainsi racheté Tiger Electronics, à l’origine du Furby, qui a fait fureur en 1999. Société qui récidive avec le chien i-Cybie ?” jouet le plus vendu l’année passée en Chine ?” les oiseaux Chirpy-Chi et la peluche Shelby. Les équipes de R & D sont donc particulièrement actives. Et les grands du domaine n’hésitent pas à faire appel à des entreprises techniquement à la pointe ou à des universités.“La moitié de notre budget R & D est soustraitée”, confirme Christian Taillard, directeur de la R & D chez Smoby. Le leader français du jouet travaille notamment avec les laboratoires d’automatique de Besançon. Leurs pistes de recherche : le comportement collectif intelligent et la réponse à des stimuli.

Banc d’essai pour l’électroménager

De son côté, le Danois Lego a collaboré avec les très réputés Media Labs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) pour sa gamme Mindstorms. “Les équipes du MIT avaient mis au point un langage permettant de contrôler des tortues sur un écran d’ordinateur : elles voulaient faire la même chose dans le monde réel”, commente Tormod Askilden, responsable des communautés Mindstorms. Ces plasturgistes d’origine vont donc progressivement acquérir un savoir-faire important en électronique.Des capacités dont l’importance stratégique ne saurait leur échapper: ainsi le fabricant de jouets japonais Takara s’est-il allié avec l’opérateur de télécommunications NTT pour investir… le marché de la maison.“Ces savoir-faire vont leur servir de tremplin pour atteindre des marchés de masse moins saisonniers, aux marges plus juteuses”, explique Erwan Lavarec. Comme l’électroménager, par exemple. Car les technologies mises en ?”uvre sont loin d’être simplistes. Il ne s’agit pas là de réaliser des clones du chien Aibo de Sony, intelligent mais ruineux. “Si on y met le prix, on peut construire des engins avec toute la mémoire et la puissance de calcul nécessaire à des taches très sophistiquées”, analyse Erwan Lavarec. Impensable dans le jouet.Que trouve-t-on en autopsiant un Furby ou un Shelby, son petit frère, tout juste né? Des microprocesseurs 8 bits, des micromoteurs, des hautparleurs, des capteurs de lumière, de température ou infrarouge. “Impossible d’espérer des algorithmes génétiques et des réseaux de neurones dans ce contexte”, commente Christian Taillard. “C’est déjà un réel tour de force que de créer des algorithmes sophistiqués sur des puces de base”, remarque Erwan Lavarec.Résultat, sur quelques octets, ces jouets intègrent tout de même une dizaine d’instructions permettant de réagir à des situations données ?” on me berce, donc je ferme les yeux et je ronronne ?” voire de réaliser un minimum d’auto-apprentissage ?” on me donne une tape à chaque fois que j’aboie donc je me tais! Et les technologies progressent à grand pas. “Chaque année, ces jeux interactifs changent radicalement”, confirme ainsi Muriel Courtois, responsable marketing chez Meccano. La société, qui continue de miser sur l’assemblage par vis et boulons, distribue également les jouets avant-gardistes d’une autre division d’Hasbro, Wow wee. Les cybergladiateurs et autres T-Rex télécommandés de l’année dernière deviennent d’horribles Bio Bugs qui communiquent entre eux par infrarouge.

On prend les Mems…

Pour permettre des comportements moins prévisibles, les jouets devraient s’enrichir de mémoires vives. La communication sans fil est également dans les starting-blocks. “D’ici 2 à 3 ans, Bluetooth et la technologie radio RFID feront partie intégrante des nouveaux jouets, promet Christian Taillard. Et la baisse du coût des micromachines ?” Mems ?” devrait permettre d’en faire des capteurs de choc tout à fait séduisants.” L’imagination deviendra alors la seule limite…

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Agathe Remoué