Mettre en place un réseau à haut débit au niveau d’une région ou d’un département n’a rien d’une sinécure. Les chausse-trappes ne manquent pas dans de tels dossiers. Tout d’abord, comme les projets d’infrastructures télécoms représentent un moyen de communication très valorisant pour une collectivité, ils cristallisent souvent les passions. Difficile, en effet, d’accorder les régions, départements, communautés d’agglomérations et de trouver un consensus. Si le financement, lui, pose moins de problèmes, les collectivités se plaignent quand même d’un Etat qui se décharge de plus en plus sur elles sans leur allouer de nouvelles ressources. “Les régions ont les moyens financiers de mettre en place leurs infrastructures. Le rapport Hérisson, de mars 2002, estime que les collectivités pourraient y investir 1,7 milliard d’euros. Mais une collectivité peut partager les risques via des partenariats publics ou privés”, explique Bruno Cassette, chargé de mission à la Datar(1). Dans ce cadre, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) préconise le mode des concessions, qui permet de s’appuyer sur le savoir-faire de partenaires. Mais, suite au retournement du marché des télécoms, les collectivités semblent avoir du mal à trouver des partenaires privés prêts à investir. “Des entreprises comme LD Câble ou Vinci, qui postulent pour assurer la gestion de ces infrastructures, étudient avec précaution les projets qui se présentent”, note Florence Guery, consultante du cabinet Cesmo. C’est peut-être pour cela que “les montages juridiques les plus fréquemment proposés dans les appels d’offres sont la délégation de service public subventionnée”, remarque Sylvain Mazzolini, directeur des opérations de l’Urbaine des Télécoms, gestionnaire d’infrastructures. Les collectivités ?” surtout si leur potentiel économique est faible ?” doivent aujourd’hui séduire les candidats éventuels à coups de subventions. “Nous avons lancé notre projet au bon moment, se réjouit Catherine Dumas, porte-parole du Sipperec(2), qui a confié, en 2000, la construction et l’exploitation de son infrastructure au concessionnaire Irise, société dont LD Câble et la CDC sont actionnaires. Mais je ne suis pas sûre qu’aujourd’hui on nous ferait les mêmes propositions.”
Besoin de nouvelles compétences
L’un des autres défis à relever pour les collectivités est d’ordre humain. Le haut débit génère le besoin de nouvelles compétences. “Les territoires connaissent un déficit dans la maîtrise d’ouvrage et l’ingénierie de projet, et il leur faut un certain délai pour s’approprier le sujet du haut débit, note Gabrielle Gauthey, directeur des NTIC de la CDC. Collectivités et opérateurs sont deux mondes qui, souvent, s’ignorent.” Pour construire une infrastructure correspondant à leurs attentes, “nous devons comprendre ce dont ont besoin les opérateurs et les utilisateurs. C’est pourquoi nous avons lancé un appel à contribution, auquel chacun peut participer jusqu’en décembre”, explique Eric Jammaron, délégué général de Dorsal, un syndicat mixte du Limousin.(1) Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale.(2) Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication.
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