Pas d’outils, peu de méthodes réellement utilisées… Alors que tous les pans de l’ingénierie logicielle s’automatisent ?” du développement aux tests, en passant par la gestion de configuration ?”, la gestion des exigences reste à la traîne. Souffrant d’une image paperassière, cette phase préliminaire essentielle à tout projet informatique est, en effet, délaissée non seulement par les éditeurs d’outils, mais aussi par les entreprises utilisatrices. Et pourtant, la gestion des exigences devrait constituer le noyau de l’organisation d’un projet informatique, compte tenu de la généralisation de projets itératifs, à forte contrainte de délai de mise sur le marché, ou impliquant des technologies multiples.Les principaux freins à un bon contrôle de la gestion des exigences sont connus. Ils proviennent, pour la plupart, de la relation complexe entretenue par la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’?”uvre. On note tout d’abord celui de la validation par les utilisateurs des exigences définies par les informaticiens. Dans les faits, cette validation est rare. Ce qui peut laisser subsister des défauts majeurs, qui auraient pu être réglés dès le début du projet. Soulignons ensuite le manque de description des processus métier, qui, du coup, sont mal interprétés par les équipes de développement. Troisième point critique : les exigences fonctionnelles. Elles sont trop souvent présentées sur la base d’événements détaillés, alors qu’elles devraient l’être en relation avec les processus métier ou vues sous l’angle de l’utilisateur.
Les éditeurs ne se précipitent pas pour concevoir des solutions
Une amorce de solution à ces problèmes réside dans l’automatisation de la gestion des exigences et des demandes d’évolution. Il existe déjà des normes ?” IEEE 830-1998 et IEEE 1223-1998, notamment ?” qui permettent de définir un langage commun et des bonnes pratiques. Selon Michel Lemoine et Jack Foisseau, chercheurs à l’Onera, cette automatisation permettrait de réaliser trois objectifs pas toujours faciles à atteindre : l’informatisation totale de la documentation ; le partage de l’outil informatique entre la maîtrise d’?”uvre et la maîtrise d’ouvrage ; et un changement significatif de la façon de travailler, maîtrise d’?”uvre et maîtrise d’ouvrage devant communiquer en toute franchise.Aujourd’hui, le paysage des logiciels de gestion des exigences est quasi insignifiant. “Si les éditeurs commencent timidement à sortir des solutions, elles sont encore trop souvent orientées vers le test, estiment Stéphane Nanot et Olivier Rozenkranc, cofondateurs et dirigeants du cabinet Business Process Partner. Pas une seule société ne s’est lancée dans la confection d’un produit uniquement centré sur la gestion des exigences.”Et pourtant, l’automatisation de la conception du cahier des charges réglerait de nombreux problèmes rencontrés depuis des années, voire des décennies, par les informaticiens. Nord Zoulim, DSI de la Caisse des dépôts, dans un entretien récent donné à 01 Informatique (n?’1677 du 3 mai 2002), ne s’y trompe pas : “Les choix effectués au niveau des étapes préliminaires sont à l’origine de la majorité des coûts des solutions informatiques.”
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