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Des « portes dérobées » dans iCloud : Apple saisit la justice britannique

En février dernier, Apple a désactivé au Royaume-Uni la fonctionnalité chiffrée de iCloud, après que l’administration britannique a ordonné la création d’une porte dérobée. Mais Londres estime que la marque à la pomme ne s’est pas conformée à sa demande : Apple a porté l’affaire devant la juridiction compétente, outre Manche.

Apple n’a pas que désactivé une de ses fonctionnalités chiffrées au Royaume-Uni, pour éviter d’avoir à créer des « portes dérobées » dans ses systèmes de stockage en nuage les plus sécurisés (iCloud), une demande des autorités britanniques. La marque à la pomme a aussi porté plainte, nous apprend le Financial Times mardi 4 mars, qui se base sur des « personnes proches du dossier ». L’affaire a été portée devant « l’Investigatory Powers Tribunal », une juridiction qui examine les plaintes déposées contre les services de renseignement britanniques.

Avec cette action en justice, le fabricant de l’iPhone demande ni plus ni moins l’annulation de la demande d’accès à ses données chiffrées. Pour ne pas avoir à créer des portes dérobées demandées par l’administration début 2025, la marque à la pomme décidait, le 24 février dernier, de retirer sa fonction de protection avancée des données au Royaume-Uni. Mis au pied du mur, le groupe de Cupertino choisissait de désactiver « la fonction de protection avancée des données (ADP) d’iCloud pour les utilisateurs britanniques », une fonction qui permet à l’utilisateur de stocker la quasi-totalité de ses données dans le nuage d’iCloud, en les chiffrant de bout en bout.

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Le « retrait » du Royaume-Uni ne permettrait pas à Apple d’échapper à la demande des autorités de « casser » son chiffrement

Avec ce retrait, la société de Tim Cook cherchait à échapper à la demande des autorités britanniques, qui exigeaient du constructeur la création d’une porte dérobée pour accéder aux contenus d’iCloud, sur la base de « l’Investigatory Powers Act », une loi de 2016. Le gouvernement britannique, à l’image de certains membres du gouvernement français, estime qu’il est essentiel de percer le bouclier de chiffrement des messageries à des fins de lutte contre le terrorisme et la pédocriminalité.

Mais pendant ce même laps de temps, nous apprend le Financial Times, le fabricant de l’iPhone a aussi saisi la justice. Car malgré ce retrait, le gouvernement britannique estime toujours qu’Apple n’a pas répondu à sa demande de création de portes dérobées.

Selon nos confrères, c’est la première fois que la juridiction britannique statuera sur cette loi de 2016, qui permet aux autorités britanniques de s’attaquer au chiffrement. Cette technologie, qui permet à des conversations ou des documents de n’être visibles que par les détenteurs d’une clé qui permet de les déchiffrer, est attaquée depuis des années par des gouvernements, y compris européens. Si les services chiffrés comme ceux d’Apple, de WhatsApp, de Telegram, de Signal ou encore d’Olvid sont très utilisés par des citoyens et des entreprises, ils le sont aussi par la grande criminalité.

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Outre Atlantique, la demande de portes dérobées du Royaume-Uni avait créé des remous : elle a provoqué l’ire du président américain Donald Trump, qui a comparé l’ordonnance britannique à de la « surveillance chinoise ». Son administration demande à Londres de faire marche arrière. En France, une proposition de loi visant à lutter contre le narcotrafic comprend une disposition similaire, âprement contestée pour ses conséquences sur le droit à la vie privée. Elle est étudiée de près par la commission des Lois de l’Assemblée nationale cette semaine.

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