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Des photons cryptogènes

Encoder l’information ; oui, mais comment ? Des chercheurs vont très loin en la matière : ils font appel aux photons ! Une application de la théorie quantique élaborée par Richard Hughes.

Sécurité, quand tu nous tiens. Pour l’assurer, on imagine de multiples façons d’encoder les informations pour les échanger l’esprit serein. Au laboratoire du Department of Energy de Los Alamos, Richard Hughes expérimente depuis près de dix ans de nouveaux procédés de cryptage. Basés sur les lois de la théorie quantique, ils permettent d’imaginer un dispositif de cryptographie tout simplement parfait.Le principe ? Utiliser des photons pour transmettre les informations codées. Plus précisément, on stocke ces informations, assimilables à des ” 0 ” et des ” 1 “, grâce aux états quantiques des particules. L’émetteur et le récepteur communiquent en s’envoyant des photons uniques, dont l’état permet de définir, par échanges successifs, une clé codée. Il est alors impossible pour un tiers malintentionné de s’immiscer dans la conversation.Intercepter les photons ?” outre la complexité technique de la chose ! ?” n’apporte pas d’information, puisque c’est l’état du photon lorsqu’il parvient au véritable destinataire qui importe. Et écouter les flux de photons n’est pas possible non plus car, en raison des lois quantiques (décidément non intuitives, mais pourtant bien réelles), le simple fait d’observer une particule est susceptible d’altérer son état.Une telle technologie, dont la pertinence a été démontrée en grand par des transmissions codées par le bais de fibres optiques de plusieurs kilomètres de long, semble permettre de créer un cryptage physiquement inviolable. Etonnant, n’est-ce pas ?La cryptographie a constitué au fil des siècles un challenge pour l’intelligence humaine. Inventant des codes et des théories mathématiques complexes, les cryptographes n’ont cessé de chercher des moyens infaillibles pour transmettre, dans le plus grand secret, des messages confidentiels. Et c’est finalement dans la nature, ou plus exactement dans le comportement si étrange ?” non expliqué, mais observé ?” des constituants de la lumière que se trouve la clé d’un procédé parfait, au moins théoriquement.Bien sûr, on peut regretter que la haute technicité du dispositif imaginé à Los Alamos n’apporte une cryptographie à deux vitesses. D’un côté, le commun des mortels disposant ?” lorsque leur gouvernement l’autorise ?” d’une cryptographie ne garantissant qu’une faible confidentialité des échanges ; de l’autre, de grandes institutions ou gouvernements disposant de lasers puissants émettant des messages à base de photons, absolument incassables.Reste que les perspectives ouvertes par cette technologie laissent rêveur. Utiliser un flux lumineux rend envisageables les communications cryptées terre-air ou air-air, y compris en utilisant des satellites comme transmetteurs.Mieux, et c’est peut-être le point le plus important, ces résultats démontrent ?” si besoin était ?” que de recherches théoriques et complexes peuvent surgir des applications très pratiques. On peut d’ailleurs prédire que la théorie quantique, dont la ” cryptographie par photons ” constitue une toute première utilisation concrète, est appelée à révolutionner linformatique.Informatique quantique à Los Alamos

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Cyril Fiévet