Plus de 600 faux billets de blog rattachés à plus d’une centaine de faux profils. Le « Club de Mediapart », un espace qui permet aux abonnés de participer au débat en écrivant des notes de blog, aurait été exploitée par la société d’intelligence économique Avisa Partners dans le cadre d’opérations de communication pour le compte d’États étrangers, de multinationales et d’institutions publiques.
Mais cet espace n’est pas le seul à être ciblé. D’autres espaces participatifs de médias le seraient aussi, comme les pages débats de l’Express, le Huffington Post ou les sites AgoraVox et Contrepoints. Avisa Partners utilise ces espaces pour diffuser des tribunes signées par des cadres d’entreprise, mais écrites par un prête-plume, ce qui est assez classique dans le domaine de la communication. Ce qui est plus problématique, c’est que l’entreprise diffuserait aussi de la propagande sous de fausses identités, ce qui est une manière assez tordue de rendre un contenu plus crédible. L’enquête de Mediapart s’appuie notamment sur le témoignage d’anciens collaborateurs, qui avait pour mission de rédiger sur tous ces sites des tribunes et des notes de blog.
Attaques ciblées
Ces pratiques sont d’autant plus sulfureuses qu’elles ne sont pas toujours utilisées pour chanter la gloire d’un client, mais pour détruire la réputation d’un ennemi politique, d’un concurrent ou d’un mauvais payeur. Mediapart cite ainsi des opérations de communication visant le politique François Ruffin ou l’homme d’affaire Habib Patrick Shehadeh. Ce dernier aurait été dépeint dans un billet comme « escroc recherché » ou « arnaqueur de bonne famille ». Il a depuis porté plainte pour diffamation contre Matthieu Creux, le président d’Avisa Partners.
Dans le milieu de la cybersécurité, Avisa Partners est un acteur assez notoire, car il co-organise avec la Gendarmerie nationale la tenue annuelle du Forum Internationale de la Cybersécurité à Lille (FIC). Ses services d’influence numérique, en revanche, sont nettement moins connus, même s’ils figurent clairement sur son site Web : « communications et réputation », « marketing de contenu », « ingénierie éditoriale », « participation aux débats en ligne », « création de communication », « activisme et contre-activisme », etc. Interrogé par Mediapart, Avisa Partners estime que cette activité n’a rien de manipulatrice, mais serait « une prestation d’accompagnement ou de mobilisation qui permet à [ses] clients de contribuer légalement et utilement au débat public ».
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Source : Mediapart