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Des imprimantes espionnées par leur bruit de fonctionnement

Des chercheurs allemands ont mis au point un procédé pour reconstituer le texte produit par une imprimante matricielle rien qu’à partir du son émis. Le taux de fiabilité du document reconstitué peut atteindre 95 %.

Pour éviter que certains dossiers confidentiels ne tombent entre des mains indélicates, l’usage des destructeurs de documents est chose courante. Mais qui a pensé à insonoriser une imprimante pour éviter le vol d’informations sensibles ? Pourtant il est possible de reconstituer le contenu d’un document imprimé rien qu’à partir du son émis.

Des chercheurs allemands de l’université de Saare en ont fourni la preuve sur une imprimante matricielle à partir de textes en anglais. Leurs travaux seront présentés lors de la conférence Usenix Security qui se déroule du 11 au 13 août à Washington, aux Etats-Unis.

Le système d’espionnage mis au point repose sur un logiciel qui analyse le son produit lorsque les aiguilles de l’imprimante viennent frapper le papier. Les chercheurs sont partis du constat que l’intensité du son découle du nombre d’aiguilles en action. Mais pour déterminer à quel son correspond quel mot, ils ont imprimé des pages de dictionnaires et procédé à leur enregistrement afin de les intégrer dans une base de données.

Pour augmenter la fiabilité du système, certains algorithmes d’un logiciel  de reconnaissance vocale ont aussi été utilisés : ils servent à éliminer les séquences de mots qui ne sont pas correctes d’un point de vue linguistique.

Des machines très répandues chez les médecins et dans les banques

Les chercheurs affichent ainsi un taux de fiabilité du document reconstitué qui peut atteindre 95,2 % si le contexte est connu, car cela permet d’adapter la base de données au vocabulaire spécifique au domaine. Dans le cas d’un document intercepté en dehors de tout contexte, le taux tombe à 72,5 %. Le système peut être appliqué à tous les modèles d’imprimantes matricielles, mais il est nécessaire de procéder à une phase d’apprentissage du logiciel sur chacune d’entre elles, afin de calibrer les sons produits. Cette étape peut se faire sur la machine qui va être espionnée ou sur un modèle identique, cela a peu d’impact sur le résultat.

Le procédé connait toutefois des limites. Il n’est pas forcement facile à mettre en œuvre car il nécessite de positionner un micro à proximité de l’imprimante, à moins de 10 centimètres dans l’idéal. S’il est éloigné de 2 mètres, le taux de reconnaissance chute alors à 4 % ! Et il n’est applicable ni sur les imprimantes à jet d’encre ni sur les modèles laser.

Néanmoins, cette découverte mérite d’être prise au sérieux quand on sait que près de 60 % des médecins en Allemagne sont encore équipés de machines matricielles. Chaque jour, elles servent à imprimer près de 2,4 millions d’ordonnances. Autre profession ayant affaire à des informations confidentielles, les banques : elles sont 30 % dans ce pays à utiliser ce type de machine pour imprimer des relevés de comptes ou des ordres de transactions.

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Coralie Cathelinais