“Encore récemment, il fallait attendre que les photographes rentrent à l’agence après avoir couvert un événement. Le laboratoire développait ensuite leurs films, et le choix des photos s’effectuait à partir des négatifs ou des planches contacts. Enfin, on sortait des tirages papier. C’était vraiment laborieux”, explique Stéphane Arnaud. On veut bien le croire ! À 30 ans à peine, ce jeune éditeur photo de l’Agence France Presse (AFP) a déjà vu son métier changer de façon radicale avec l’introduction du numérique. Pas de quoi décourager pour autant ce jeune féru de photojournalisme, qui intègre en 1995, après des études d’histoire à la Sorbonne, l’École supérieure de journalisme de Paris.
L’épreuve du feu
Dès la fin de la première année de formation, il décroche un stage au service photo du quotidien Libération. Une expérience qui lui permet de découvrir la frénésie d’un quotidien ?” rythme de travail soutenu, délais de bouclage serrés, etc. Au bout de quatre mois, contraint de remplir ses obligations militaires, il rejoint le Sirpa, le service d’information et de relations publiques des armées, avant d’exercer les fonctions d’éditeur chez Imapress, une petite agence spécialisée dans la photo magazine, en 1997. Dans cette structure, pendant trois ans, il touche à tout, recrute des photographes, sélectionne des sujets de reportages, etc.Depuis le mois de septembre 2000, son métier consiste, au sein du département magazine de l’AFP, à retenir chaque jour les photos susceptibles d’être publiées dans plus d’une centaine de titres de presse écrite français, en tenant compte de la spécificité de la nature du support, de sa périodicité et, évidemment, de ses contraintes de bouclage. Un travail aujourd’hui grandement facilité par les nouvelles technologies. Les images prises par les photographes de l’AFP (185 salariés permanents et 150 pigistes) dispersés dans le monde entier, et désormais tous équipés d’un boîtier numérique, arrivent ainsi directement sur l’ordinateur de Stéphane. D’un clic, il fait le tri.
Un gain de temps énorme
“Le gain de temps en terme de transmission est énorme”, se réjouit l’intéressé. Exemple criant : aux derniers Jeux Olympiques d’été, à Sydney en l’an 2000, la photographie du vainqueur du 100 mètres ?” l’Américain Maurice Greene ?” est parvenue dans toutes les rédactions du monde entier seulement 4 minutes après que le sprinter a franchi la ligne d’arrivée. Revers de la médaille : c’est la course dans ce métier ! “Nous habituons les magazines à toujours plus de rapidité, du coup, ils prennent le pli et deviennent de plus en plus exigeants”, explique Stéphane Arnaud, d’une étonnante sérénité. Car, malgré son calme apparent, s’il y a bien une chose qui le motive, c’est justement cette effervescence liée à lactualité.
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