Passer au contenu

Des experts-comptables déçus par la visioconférence sur Internet

En 1998, le cabinet Ifac-Provence adopte la visioconférence pour le conseil à distance. Malgré ses promesses, le système est abandonné deux ans plus tard, faute de débits suffisants

L’arrivée de la visioconférence a été perçue comme une aubaine. Deux ans après ses premiers essais, Christian Caillol, expert-comptable du cabinet Ifac-Provence, déchante. Ses clients et lui abandonnent d’un commun accord : “Ce n’est pas le coût de l’équipement qui nous a freinés, mais l’absence de débit nécessaire à des échanges de qualité acceptable.”

Retour en 1998, où, tenté par l’expérience, il propose à ses clients d’assurer ses prestations de conseil à distance par visioconférence. Cible visée : essentiellement des PME de tout type (carrelage, rénovation de locotracteurs, BTP, bureaux d’études, boulangerie). Le logiciel NetMeeting de Microsoft, téléchargeable gratuitement, sera adopté. Contrairement aux systèmes de visioconférence, qui utilisent des liaisons spécialisées, il n’implique pas d’infrastructure complexe, puisqu’il suffit de l’installer sur le poste de travail, de lui ajouter une caméra dont le coût avoisine les 1 000 francs, un micro et, bien entendu, une connexion à Internet.
Le système est prometteur. Il doit, à l’époque, permettre d’économiser sur le temps de déplacement et les frais de transport. D’autant que le cabinet gère des clients en Afrique du Nord (Maroc) et à travers toute la France.

Dans l’attente des hauts débits

“Le conseil constitue l’essentiel de mon activité. Je n’ai pas besoin d’être physiquement sur les lieux pour discuter avec mes clients, explique l’expert-comptable. En revanche, le téléphone ne suffit pas, car il se prête mal aux discussions de fond.” Bien qu’originale, l’idée a vite fait son chemin. Y compris auprès des clients, qui ont vu dans la visioconférence une occasion de réduire leurs frais d’honoraires. En effet, les déplacements de leur expert-comptable n’étaient plus facturés. “La plupart de mes clients étaient partants. Pour ma part, j’étais vraiment décidé à mettre en place ce type de communication. Perdre du temps en déplacements est pénible. Et, avec NetMeeting, nous pouvions même travailler ensemble sur les documents comptables.” Le logiciel intègre en effet un tableau de bord qui permet à plusieurs utilisateurs de partager la même application, même si cette dernière n’est pas installée sur les postes de travail de tous les interlocuteurs.
Mais, avec une image trop petite, impossible de continuer. Et ce qui devait rendre la communication conviviale est rapidement devenu une contrainte faute de débit suffisant – notamment sur des liaisons à 56,6 Kbit/s. “Sur une image de la taille d’une vignette, on ne voit rien. Et, dès que je voulais l’agrandir, la connexion était systématiquement coupée, regrette Christian Caillol. Or, comme l’un des principaux avantages de la visioconférence sur le téléphone, c’est quand même de voir les réactions sur les visages. . .” Pour autant, l’expert-comptable reste persuadé de la validité de son idée : “Dès que nous disposerons de liaisons à hauts débits sur Internet, nous reprendrons l’expérience.”

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Marie Varandat