Bonjour. Comment dois-je vous appeler ? Tag RFID ou radioétiquette ?Vous savez, j’adore discuter, je suis une vraie pipelette ! C’est avec plaisir que je répondrai à vos questions. Pour traduire l’expression anglaise “ RFID tag ”, il faudrait dire étiquette d’identification par radiofréquence ! C’est un peu long. Disons étiquette radio.Très bien. On entend beaucoup parler de vous, mais sans bien vous connaître…Je suis un composant informatique rudimentaire. Associez une antenne, une mémoire, un circuit intégré (une puce si vous préférez), et vous obtenez une étiquette radio ! Et j’existe sous diverses formes et sous différentes tailles. Ronde, carrée, rectangulaire, très allongée, adhésive ou même contenue dans une gélule en verre. On me reconnaît souvent à mon antenne : c’est la piste métallique qui dessine des spirales.Et à quoi sert-elle, cette antenne ?A communiquer, voyons ! Une étiquette radio est faite pour dialoguer avec son appareil de lecture, à une distance d’une dizaine de centimètres jusqu’à une dizaine de mètres, selon les types d’étiquettes. La plupart du temps, le lecteur prend la forme d’un portique comme ceux aux caisses de supermarché. Lui aussi est très bavard ! Il demande si des étiquettes sont dans les parages. Si j’y suis, je dois répondre “ Présente ! ” et décliner mon identité.Votre identité ? Mais comment ça ?Oui, chaque étiquette possède un numéro de série, stocké dans sa mémoire, qui lui sert d’identité. Il n’est pas facile à retenir : il se compose de 96 bits, une belle suite de 0 et de 1 ! Ça fait près de 80 milliards de milliards de milliards (2 puissance 96) de possibilités ! C’est un organisme, le GS1, qui se charge de répartir les numéros entre les fabricants d’étiquettes.Et comment répondez-vous au lecteur ?La méthode employée ressemble à celle des radars. Le lecteur RFID envoie un signal radio. Celui-ci rebondit sur les étiquettes qui le déforment en fonction des informations qu’elles veulent transmettre. Le lecteur, relié à un ordinateur, n’a plus qu’à repérer les changements entre le signal émis et le signal reçu en retour pour connaître mon numéro.Et il n’y a jamais d’erreurs ?Si, bien sûr, d’autant que le lecteur est censé repérer un grand nombre d’étiquettes en même temps. Parfois, quand nous sommes trop proches les unes des autres, nos réponses se télescopent. Du coup, le lecteur ne voit pas certaines d’entre nous. Aujourd’hui, un lecteur RFID est capable d’identifier 200 étiquettes à la seconde sans erreur.On vous compare souvent à un code-barres…La comparaison est à mon avantage ! Pour lire un code-barres situé sur une boîte de conserve, par exemple, il faut la manipuler, la positionner correctement devant le lecteur infrarouge, la reposer et recommencer avec une autre. Beaucoup de temps perdu. Avec moi, c’est plus simple. Le lecteur RFI Dest capable de lire une palette de produits juste en la passant devant lui !Pourtant, aux caisses des supermarchés, c’est toujours le code-barres qui a la priorité…Vous touchez un point sensible… Imaginez : avec moi, il suffirait de pousser le chariot vers la sortie de la caisse, et le total s’afficherait automatiquement. Quel gain de temps ! Malheureusement, la lecture RFID enregistre un taux de reconnaissance de seulement 70 à 80 % des produits étiquetés. Ce n’est pas grave pour la gestion des stocks en logistique, là où la multiplication des contrôles permet de retrouver tout le monde au bout du compte, mais à une caisse d’un supermarché, c’est plus embêtant. Pour l’instant, mon utilisation ne dépasse pas la porte de l’entrepôt.Mais vous trouve-t-on ailleurs ?La logistique reste le secteur où nous sommes les plus présentes. Par exemple, des laveries industrielles placent des étiquettes radio dans leurs textiles afin de vérifier que les clients ont bien rendu la totalité du linge.Et les passeports biométriques ?Vous avez raison ! Chaque passeport biométrique embarque une puce RFID qui stocke une photo du visage et les empreintes digitales de son propriétaire. Pour les étiquettes radio les moins chères, il est possible de protéger leur contenu grâce à un mot de passe de 32 bits.Et les antivols que l’on voit dans certains magasins, au dos des CD et des DVD par exemple ?Ce sont bien des étiquettes radio, mais des plus simples. Quand le lecteur les interpelle, elles se contentent de signaler leur présence et n’envoient aucune information.On associe souvent “ étiquette RFID ” et “ Internet des objets ”. De quoi s’agit-il ?L’expression “ Internet des objets ” a beaucoup évolué. A l’origine, il s’agissait de reproduire avec des objets le fonctionnement d’Internet. En l’occurrence, grâce aux étiquettes RFID qu’on leur colle, attribuer à chaque objet un numéro d’identification unique, de la même façon qu’un ordinateur possède une adresse numérotée (l’adresse IP) quand il se connecte à Internet. Mais les objets ne communiquent pas “ entre eux ”, tout comme les étiquettes radio, incapables aussi de communiquer entre elles. Il faut un relais, par exemple un ordinateur, qui, à partir du numéro de la puce, sera capable de récupérer des informations supplémentaires (le nom du fabricant, un lien vers le manuel d’utilisation) après connexion à Internet. Maintenant, si un téléphone mobile possède une puce RFID, on peut tout imaginer, et notamment de le transformer en moyen de paiement, mais cela reste encore au stade des expérimentations.Je vous remercie, vous êtes vraiment très agréable à interviewer.Comment, c’est déjà fini ? Quel dommage, j’avais encore beaucoup de choses à vous raconter ! Peut-être une prochaine fois ?Remerciements à David Simplot-Ryl, enseignant-chercheur de l’Inria et de l’université de Lille 1.
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