Entre la quête d’experts et l’externalisation, les entreprises limitent les dépenses allouées au personnel.
Avec une croissance de 4 % en 2001, les dépenses informatiques liées au personnel des entreprises – 128 milliards de francs – restent sur la lancée des années précédentes. Bien que la pénurie d’informaticiens ne facilite pas l’embauche, les utilisateurs cherchent à se renforcer avec des experts de haut niveau. “Les grandes entreprises voudraient se réapproprier les compétences qu’elles avaient trop externalisées “, confirme Armel Guillet, du Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref).Si elle a eu un impact indéniable sur l’organisation des équipes, la loi sur les 35 heures n’a guère généré de recrutements. “Comment remplacer un dixième de directeur des études ?” se demande un directeur informatique. Yves Trousselle, DSI d’Aigle International, est plus mitigé : “Sur certains points d’activité stratégique – échange et analyse de données, informatique nomade -, j’ai dû doubler les effectifs.” Il estime pourtant que le passage aux 35 heures se traduit davantage par un changement culturel: “Le temps est devenu important, autant que le salaire.”
Certaines activités sont automatisées
Guy Cardoën, responsable informatique de la société du Canal de Provence, développe une tout autre analyse : “Le budget a été établi à partir des coûts horaires standards. Or, ce coût moyen de l’année précédente a été calculé sur 35 heures, et non sur 39: nous travaillons moins pour un salaire moindre en francs constants. Grâce à ce tour de passe-passe, à effectif égal, ma masse salariale a baissé de 4,6 %.”Pour sa part, Yves Trousselle arrive à une limite : “Avec onze personnes, notre équipe a atteint sa taille critique. Soit nous automatiserons certaines activités comme la surveillance, soit j’externaliserai des tâches à faible valeur ajoutée ou des compétences techniques très pointues et ponctuelles.”Claude Etterlen, DSI du groupe Quick, est confronté au même choix : “l’exploitation des grands systèmes SAP sera davantage externalisée, ainsi que d’autres tâches telles que la maintenance ou le support. Certains services à haute valeur ajoutée seront développés en interne – notamment l’intégration de systèmes et le pilotage de projets.”La procédure de traduction de ces choix sous forme budgétaire revêt des formes variées. Certaines grosses entreprises possèdent même une direction des ressources humaines spécifique au pôle informatique. C’est le cas de la Générale des Eaux : “Notre budget est établi par le contrôleur de gestion et les recrutements soumis à l’approbation de la direction générale “, précise Annie Pochetat, DRH de la gestion informatique des métiers de l’eau. La plupart des DSI disposent cependant d’une enveloppe globale. A eux, ensuite, de jongler entre l’investissement technologique – si précieux pour la motivation – et humain.