Après l’étude alarmiste d’UFC Que Choisir sur la fracture numérique du territoire français hier, c’est au tour des députés de tirer la sonnette d’alarme. Laure de la Raudière (Les Républicains) et Eric Bothorel (LREM), représentants de la commission des affaires économiques, viennent d’achever un rapport d’information sur la couverture numérique du territoire, au moment même où le gouvernement a présenté sa feuille de route sur le sujet.
Les députés ne se satisfont pas des objectifs fixés par le gouvernement, à savoir du bon débit (8 Mbit/s) pour tous en 2020 et du Très Haut Débit (30 Mbit/s) en 2022. « Les Français sont exaspérés. Ils ne veulent plus attendre », s’est exclamé aujourd’hui en préambule d’une conférence de presse Laure de la Raudière.
Après avoir auditionné nombre de professionnels des télécoms et de start-up, ils sont convaincus qu’il est possible de connecter toute la population de notre pays en fibre dès 2025. Ils contredisent ainsi les conclusions de l’UFC Que Choisir qui ne pense pas cela faisable avant au moins 2035.
Du 100 Mbits/s symétrique pour tous
Par fibre, ils n’entendent pas forcément du FttH. « L’idée c’est de fournir au moins 100 Mbit/s en débit symétrique en allant le plus loin possible en fibre optique depuis le NRO », a souligné Laure de la Raudière. Ce qui veut dire que la fibre à terminaison coaxiale de SFR* pourrait très bien convenir. L’opérateur achève d’ailleurs cette année la montée en débit de son réseau FttB qui permet déjà d’obtenir jusqu’à 100 Mbit/s en upload et 1 Gbit/s en download. Pour nos députés, l’urgence va être de favoriser les subventions à destination des « zones rurales, insulaires et de montagne ». Ils souhaitent également la création d’un outil cartographique public sur le modèle du site Mon réseau mobile mis en place par l’Arcep. Pour plus de transparence sur l’état de déploiement des réseaux fixes.
La fin des zones blanches au-delà des centre-bourgs
Le volet mobile est ambitieux. Les parlementaires revendiquent 100% de la population couverte en 4G d’ici 2020. Pas facile compte tenu de leurs exigences. « Les cartes fournies par l’Arcep ne correspondent pas du tout à la réalité de ce que vivent les gens sur le terrain », a encore expliqué Laure de la Raudière. « Une couverture ne peut être considérée comme bonne si elle ne comprend pas l’indoor. Car aujourd’hui tout le monde se sert de son smartphone chez lui et plus personne ne donne son numéro de téléphone fixe comme contact ». Autre impératif, étendre la couverture mobile des zones blanches au-delà du simple centre-bourg en 2G.
Parmi les 20 propositions concernant le mobile, les députés ont imaginé un système d’itinérance nationale sur le modèle de ce qui se fait déjà lorsque l’on passe d’un pays européen à un autre, lorsque le réseau d’un opérateur est défaillant. Ils appellent enfin de leurs vœux l’allègement des contraintes réglementaires concernant notamment la construction des pylônes. « En France, le délai pour la pose d’un pylône est quatre fois supérieur à celui rencontré dans certains de nos pays voisins », s’est indigné Eric Bothorel. Or, ces points hauts sont la première étape indispensable à l’installation d’antennes dans les zones rurales.
Les députés attendent désormais d’être reçus par les ministres en charge du dossier : le secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat à la cohésion du territoire Julien Denormandie, ainsi que le secrétaire d’Etat à l’Economie et aux Finances Benjamin Griveaux.
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