Quelque part en Amérique du Sud, entre l’océan Pacifique à l’ouest, la Colombie au nord et le Pérou au sud et à l’est, se trouve l’Equateur. Quito, la capitale, est située à 2 800 m d’altitude, au milieu de “l’avenue des volcans”, un altiplano coincé entre les cordillères orientale et occidentale des Andes. Et des volcans, il y en a : le plus haut du monde, le Chimborazo (6 310 m), se trouve à 160 km au sud de Quito. Quant au Pichincha (4 787 m), il est parfaitement visible depuis le centre ville.Une autre caractéristique de Quito est le nombre impressionnant de cybercafés qu’on y trouve. Il suffit de se promener dans la Mariscal, le quartier des turistas mochileros (littéralement “touristes à sac à dos”), des hostales à 10 dollars la nuit (l’Equateur a adopté le dollar américain comme monnaie nationale en juin 2000), des boîtes de nuit et des agences de voyage spécialisées dans les croisières aux îles Galapagos.A chaque coin de rue, on tombe sur un café ou un restaurant dans lequel une dizaine ou une vingtaine de PC, connectés à Internet par câble ou satellite, attendent les clients. Ce sont généralement des lieux calmes, à la décoration colorée et agréable.
Une demande venue des touristes
Certains ajoutent une spécialité à ce service : voyages, diffusion de DVD sur écran géant, plats typiques, pizzas et même billard !On en dénombre une bonne centaine dans la capitale et ses alentours, alors que Paris n’en compte pas plus d’une cinquantaine.A quoi est due cette prolifération ? Principalement à des raisons économiques : c’est parce qu’il y avait une demande forte que les premiers cybercafés de la capitale ont connu le succès et ont été vite imités par des dizaines de concurrents.La demande est venue d’abord des touristes. Nord-Américains et Européens défilent en effet par milliers tout au long de l’année, attirés par le climat constant et la nature préservée de cette contrée aux paysages extrêmement variés. Et quoi de plus économique quand on est en voyage que de communiquer avec les siens par courrier électronique, à raison d’un dollar l’heure de connexion ? Quoi de plus pratique qu’Internet pour consulter son compte en banque, trouver des informations dans sa langue sur le pays que l’on visite, etc. ?La clientèle nationale a rapidement rattrapé, voire dépassé, celle des touristes. Car quelque 400 000 Equatoriens vivent à l’étranger, plus de la moitié ayant émigré au cours des deux dernières années (principalement vers les Etats-Unis et l’Espagne), poussés à l’exil par une crise économique sans précédent. Leurs proches ont souvent besoin d’entrer en contact avec eux. Or 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ; très peu d’entre eux possèdent donc une connexion Internet à domicile, ou les moyens de téléphoner à l’étranger. Ils se rabattent alors sur le mail, mais aussi sur le service Net2Phone.
Une surenchère de services
Chaque cybercafé dispose d’au moins une machine équipée de ce système, qui permet de téléphoner par Internet à moindre coût : environ 25 cents la minute (28 centimes d’euro ou 1,86 franc). Certes la conversation est parfois hachée, mais le gain est d’au moins 50 % par rapport à un coup de fil passé depuis l’une des officines d’Andinatel, le France Télécom local.Une concurrence d’ailleurs mal vue par l’opérateur, qui a tenté, en 1999, d’interdire l’usage du Net2Phone. Devant la fronde des patrons de cybercafés, regroupés en association et alliés aux fournisseurs d’accès locaux, le gouvernement lui a donné tort. Coïncidence ? Aujourd’hui ses tarifs pour les appels à l’étranger ont considérablement baissé.Bien sûr, la concurrence importante entre les cafés Net a provoqué une guerre des prix, un certain tassement des bénéfices et la fermeture des établissements les moins solides financièrement, les moins bien situés ou les moins capables techniquement. Certains clients exigent, en effet, des services supplémentaires (impression, gravure de CD, messagerie instantanée) et n’hésitent pas à changer de cybercafé si nécessaire. Du coup, un grand nombre d’entre eux ont fermé leurs portes quelques mois seulement après leur ouverture. La “nouvelle économie” vit aussi sa crise là-bas
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