L’avenir du stockage énergétique, serait-il caché dans nos petits pots de sel ? Une équipe de chercheurs français menée par le CNRS et le CEA vient en effet de présenter la première batterie sodium-ion au format industriel 18650, l’une des tailles standards utilisées pour les batteries lithium-ion. C’est-à-dire un cylindre de 1,8 cm de diamètre et 6,5 cm de hauteur. L’avantage du sodium, c’est qu’il est presque 1000 fois plus abondant que le lithium, et donc beaucoup moins cher. Il est réparti un peu partout dans la croûte terrestre. L’eau de mer en regorge également sous forme de chlorure de sodium. A contrario, le lithium ne se trouve qu’à certains endroits de la planète comme la Colombie, la Chine ou le Chili. Or, les besoins en batteries ne cessent de croître, avec l’informatique mobile évidemment, puis maintenant avec les voitures électriques qui, une fois largement utilisées, risquent de créer un envol du cours du lithium.
Le problème, c’est que les ions sodium ne sont, à première vue, pas aussi performants que les ions lithium. Les piles au lithium permettent d’obtenir une plus grande tension électrique et sont beaucoup plus légères. Il est donc plus simple d’atteindre des densités énergétiques élevées, dépassant les 200 Wh/kg. A titre de comparaison, la pile sodium-ion française n’atteint que 90 Wh/kg. « Mais attention, ce n’est qu’un premier prototype. Quand Sony a sorti sa première batterie lithium-ion en 1991, la densité énergétique était de 110 Wh/kg. Or, nous avons beaucoup plus de connaissances sur les batteries aujourd’hui. Nous nous allons pouvoir monter plus vite en performance. Mais on ne fera jamais mieux que le lithium-ion », souligne Jean-Marie Tarascon, chimiste du solide au CNRS, enseignant au Collège de France et directeur du RS2E (Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie), un groupement français qui réunit laboratoires publics et industriels privés.
Un processus industriel similaire
En revanche, la durée de vie du prototype est d’ores et déjà excellente. Avec 2 000 cycles de charge et de décharge, les chercheurs français obtiennent d’emblée une performance équivalente aux batteries lithium-ion actuelles. Autre avantage : le processus de fabrication industriel est similaire au lithium-ion. « Pour un industriel, l’adoption du sodium-ion ne sera pas compliquée », souligne Jean-Marie Tarascon.
L’avenir de la batterie sodium-ion semble donc prometteur. Mais pour quelles applications ? Selon M. Tarascon, les secteurs de l’informatique mobile et de l’automobile ne seront pas très intéressés, car trop obsédés par la densité énergétique et l’autonomie. « En revanche, la batterie sodium-ion est un bon candidat pour le stockage de masse en réseau, par exemple pour les champs éoliens ou photovoltaïques. Actuellement, on utilise pour le stockage de masse des batteries sodium-soufre qui ont l’inconvénient de ne fonctionner qu’à haute température (270-350 °C, ndlr). Ce qui réduit l’efficacité énergétique. Quant à la technologie lithium-ion, elle serait beaucoup trop cher dans ce contexte », explique le chercheur.
La France, parmi les pays en pointe
Toutefois, les chercheurs français ne sont pas les seuls à se creuser les méninges. Leurs homologues japonais sont actuellement en pointe dans ce domaine. Toshiba, par exemple, mène des recherches pour une batterie sodium-ion destinée à la voiture électrique. La startup britannique Faradion, qui est financée entre autres par Sharp, a présenté récemment un vélo électrique basé sur une batterie sodium-ion. Des recherches se font également aux Etats-Unis. « Dans ce domaine, les Français sont à la pointe, derrière les Japonais », assure Jean-Marie Tarascon. Une avance qu’il faut désormais exploiter.
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