Spin off et essaimage : ces mots semblent bien éloignés du CNRS, organisme public de recherche fondamentale. Pourtant, l’un des objectifs stratégiques du centre de recherche français est bien de transformer les éprouvettes de laboratoires en couveuses de jeunes pousses. “Les petites structures, souples, réactives sont le moteur de l’innovation, souligne Joseph Baixeras, membre de la délégation aux entreprises du CNRS. Depuis la loi fiscale sur l’innovation du 12 juillet 1999, la création d’entreprise fait partie de notre palette d’outils pour valoriser les recherches issues du CNRS.”Inscrit dans les missions de l’établissement, le transfert des résultats de la recherche vers le secteur économique se traduit par des partenariats renforcés avec les industriels. 3300 contrats de recherche, signés entre des entreprises et des laboratoires, ont cours aujourd’hui, renforcés par 36 accords cadres conclus avec de grands groupes. Au c?”ur du transfert de technologies, il y a aussi la protection de l’innovation, avec un portefeuille de quelque 5 000 brevets, et la signature de 500 contrats d’exploitation de licences actuellement.
98 éclosions
Mais la palette de collaborations avec l’industrie ne s’arrête plus là. Les chercheurs peuvent, depuis juillet 1999, être détachés du CNRS pour créer une entreprise basée sur leurs travaux. Tout en gardant leur statut de fonctionnaire ! Ils peuvent intégrer l’équipe dirigeante, ou garder leur poste au CNRS, et agir comme consultant, membre du conseil d’administration, ou du conseil de surveillance de l’entreprise, en prenant une part minoritaire du capital.Les 98 entreprises sorties depuis 1999 des laboratoires propres ou associés au CNRS disposent d’un dis-positif d’accompagnement. L’organisme public s’est impliqué dans le capital-risque, des incubateurs publics aux fonds d’amorçage, grâce à Fist. Cette filiale de valorisation, commune au CNRS (70 %) et à l’Anvar (Agence nationale pour la valorisation et l’aide à la recherche, 30 %), négocie contrats et participations. Le CNRS a cofondé 4 des 31 incubateurs publics. Fist possède 17,6 % de Fam, Fonds d’amorçage Midi-Pyrénées (avec 760 000 euros), et 6,3 % du fonds de biotechnologies Bioam (avec 2 millions d’euros). Une participation de 150 000 euros dans le fonds Emertec complète sa toile financière.“La loi sur l’innovation a transformé les organismes de recherche en actionnaires de jeunes pousses, remarque Anne-Catherine Jouanneau, directrice générale de Fist, qui gère la propriété intellectuelle du CNRS. Dans le cas d’une création, nous sommes face à des sociétés sans disponibilité financière. Parfois, l’exploitation du brevet se fait sous forme de licences. Ou nous pouvons, en échange de nos droits cédés, entrer au capital de la société à hauteur de 15 à 20 %, avant l’arrivée des financiers.”Fist figure au capital de 13 sociétés, qui ont levé au total près de 50 millions d’euros en 2001. “Nous sommes des investisseurs non-financiers, lance Anne-Catherine Jouanneau. Notre rôle est d’instiller la technologie du CNRS dans une entreprise, que des sociétés naissent, croissent, créent des emplois. Notre sortie a lieu avec la sortie des premiers investisseurs.”
18 PDG-chercheurs
Mais il y a une ombre au tableau. Malgré les incitations, peu nombreux sont les chercheurs qui ont créé leur entreprise. Fin 2001, ils n’étaient que 18 à diriger leur projet sur les 30 000 chercheurs et enseignants chercheurs du CNRS. “Certains d’entre eux ont en mains des pépites qu’ils n’utilisent pas, regrette Jean-Claude Sabonnadiere, président de l’association France-Incubation. Pourtant, avec la perspective d’un marché émergent, il faut qu’ils sautent le pas. Pour les jeunes chercheurs cependant, la création d’entreprise devient naturelle.” Chez FIST, on s’attend en 2002 à une bonne année avec la signature de 6 à 8 alliances chercheurs-entreprises.
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