Dans quelques semaines, les automobilistes de la région de San Francisco, en Californie, pourront à tout moment savoir avec précision l’état de la circulation tout autour de la baie.L’installation le long des grands axes d’antennes qui enregistreront la vitesse de déplacement des cartes électroniques spéciales que certains automobilistes affichent sur leur pare-brise permettra de recueillir des données d’une remarquable précision.
D’un badge à l’autre
250 000 véhicules californiens sont déjà dotés d’un support magnétique qu’ils utilisent pour utiliser des couloirs spéciaux sans s’arrêter aux postes de péage installés à l’entrée des huit ponts qui permettent de traverser la baie de San Francisco.Une antenne émet des signaux auxquels la carte répond. Chaque passage ?” qui coûte entre 2 et 5 dollars (l’équivalent en euros), selon les cas ?” est enregistré par le système (connu commercialement sous le nom de Fas Trak) et facturé à la fin du mois à l’utilisateur.La Commission métropolitaine de transport est maintenant en train d’installer des antennes le long des grands axes pour recueillir plus de données sur la circulation. Le nouveau programme, baptisé Trav Info, permettra d’enregistrer le passage des véhicules munis de la carte électronique devant chaque antenne qui transmettra les données à des ordinateurs chargés de calculer la densité du trafic et la vitesse de déplacement pour en tirer des conclusions précises sur la circulation.“J’attends avec impatience d’avoir accès à toutes ces données”, lance Pravin Varaya, professeur d’ingénierie électrique et de science informatique à l’Université de Californie à Berkeley. Responsable de la recherche sur ce projet, il conçoit son travail comme une contribution à la mise en place d’un système permettant de “mieux gérer les autoroutes et de donner de meilleures informations aux automobilistes “.La technologie de Trav Info permet d’avoir accès à des données sur ce qui se passe exactement sur les routes, ce que Pravin Varaya appelle “the ground truth”, la vérité du sol.“Pour planifier le transport, il faut connaître l’origine et la destination des véhicules de façon à mettre en valeur leurs patrons de déplacement, explique-t-il. Je sais quand il y a beaucoup de monde sur l’autoroute, mais j’ignore d’où viennent les automobilistes et où ils vont. Je fais des estimations et des enquêtes, mais il est très difficile et très coûteux de savoir exactement ce qui se passe réellement au sol. Ce système nous donnera des informations infiniment plus précises.”
La carte est dans le sac
Pravin Varaya souhaiterait que ces données lui permettent de savoir et comprendre ce qui risque de se passer en cas d’événement spécial, comme un match de base-ball, ou de catastrophe, comme un tremblement de terre.“Nous allons mettre des grands tableaux lumineux qui indiqueront aux automobilistes combien te temps il leur faudra pour parvenir à telle destination s’ils prennent telle ou telle route et combien s’ils prennent une autre route.” Avec les informations fournies par Trav Info, il saura en effet quelles sont les principales destinations des automobilistes qui passent à une heure donnée à un endroit donné.En matière de respect de la vie privée, les précautions dont le programme s’est entouré tiennent en une opération : “Dès que le passage d’un véhicule est enregistré, un programme remplace le numéro de la carte électronique par un autre numéro pris au hasard.”Ce qui, selon Varaya, assure en principe ” la protection de la confidentialité des données “. Mais l’individu qui veut passer vite aux péages et échapper à ces contrôles a une seconde option qui lui sera bientôt expliquée dans une lettre officielle. Elle consiste, une fois le péage passé, à mettre la carte magnétique dans un sac en Mylar. Tout le monde n’est pas rassuré pour autant.* A San Francisco
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