“ Il y a une application pour ça ! ” À écouter le slogan d’Apple pour l’iPhone, il y aurait une application pour tout… Avec près de 100 000 logiciels comptabilisés sur l’App Store, et au rythme où vont les développements, il semblerait que l’on ne soit pas loin de la vérité. Une sorte de folie créative s’est emparée des développeurs depuis l’arrivée sur le marché du smartphone révolutionnaire d’Apple. C’est à celui qui concevra l’application la plus innovante ou la plus farfelue, celle qui fera exploser les ventes sur l’App Store, la caverne d’Ali Baba en ligne des possesseurs d’iPhone. Car ces derniers ne se lassent pas de ces petits logiciels gratuits ou payants (à partir de 0,79 euro) qu’ils téléchargent au gré de leur fantaisie ou de leurs besoins. Pas une réunion, pas un dîner entre amis sans démonstrations, explications, découvertes mutuelles des dernières nouveautés. Pratiques, informatives, ludiques ou sans utilité précise, ces applications connaissent un engouement extraordinaire. Il y en a pour tous les domaines : actualité, jeux, cuisine, musique, sports, voyages, finance…, l’imagination des développeurs ne connaît pas de limite. Avec plus de 40 millions d’iPhone en service dans le monde, dont 2 millions en France, ce marché est en pleine expansion.
Des exigences techniques
Depuis son lancement en 2007, l’iPhone est devenu un must de la téléphonie mobile, dopé par sa boutique intégrée, l’App Store. Car au-delà de l’appareil lui-même dont le succès n’est plus à démontrer, l’embellie est due aussi à l’extraordinaire richesse des applications développées pour enrichir son système d’exploitation. Les utilisateurs les plébiscitent en masse, avec plus de deux milliards de téléchargements à leur actif depuis l’ouverture de l’App Store à l’été 2008. Et les développeurs s’en donnent à cœur joie, tant particuliers que professionnels. Plus de 100 000 applications ont été avalisées par le fabricant et mises en ligne. L’exercice tente de plus en plus de développeurs, tant sur le plan technique que sur le plan financier. Poule aux œufs d’or pour certains, ratage pour d’autres, la création d’un logiciel susceptible de plaire au plus grand nombre est un défi formidable. Mais avant d’en arriver là, certains éléments de base sont à prendre en compte. Tout d’abord posséder un Mac, outil indispensable à la programmation. Puis bien maîtriser l’anglais et certains langages comme l’Objective C. Enfin, connaître les exigences du constructeur. “ Les contraintes sont réelles, autant sur le plan technique que sur le contenu. On ne doit pas utiliser certaines images liées à la marque, dupliquer des fonctions de base de l’iPhone, attribuer des noms déjà utilisés. Le sexe et la violence sont prohibés ”, avertit Francis Bonnin, un jeune informaticien qui a développé six applications pour iPhone durant ses loisirs. Apple interdit également l’appel des API ? interface de programmation ? non documentées de l’iPhone, comme l’usage du Cover Flow (présentation 3D sur iTunes). Le fabricant a conçu un kit de développement (SDK) efficace et simple d’accès (il propose même des formations aux développeurs), bien appuyé par une architecture matérielle qui bouge peu contrairement à la concurrence (taille de l’écran, processeur, GPS, capteur, etc.). Selon Jean-Sébastien Cruz, le PDG de la société NetcoSports, spécialisée dans les applications sur le sport : “ La force d’Apple, c’est qu’ils ont le hard et le soft. ”Avec 10 000 nouvelles demandes d’entrée sur l’App Store chaque semaine, la concurrence est rude. Les testeurs deviennent de plus en plus exigeants et rejettent de nombreuses applications. Car plus leur nombre croît, plus les problèmes potentiels augmentent.Phil Schiller, vice-président du marketing international d’Apple, souligne la nécessité de vigilance autour de l’App Store et explique pourquoi l’entreprise contrôle de cette manière les applications dans le processus de validation : “ On vérifie les applications pour être sûr qu’elles fonctionnent comme les consommateurs l’attendent. Dans 90 % des cas, nous demandons des corrections techniques ”. Parmi les 10 % rejetées par Apple “ soit elles volaient des données personnelles, soit elles permettaient à l’utilisateur de violer la loi, soit leur contenu était inapproprié ”, poursuit Phil Schiller. Pourtant, certains programmes passent au travers des mailles du filet, telle cette application qui permet de compter les cartes au Black Jack et qui sème la panique dans les casinos américains. Pour les applications qui ont passé les tests avec succès, la plate-forme collecte le paiement des acheteurs, perçoit 30 % de la somme et en reverse 70 % au développeur. Les marques ont trouvé là un nouveau filon et se sont elles aussi lancées dans la course. Une stratégie qui paye en termes de notoriété et qui peut rapporter gros (de 50 000 à 100 000 euros par application sur une durée d’un an et selon le prix de vente). Avec des coûts de développement qui varient de 10 000 à 90 000 euros (la licence de développement coûte à peine 79 euros par an), les entreprises se bousculent au portillon de l’App Store.
Utiles ou futiles
Parmi les logiciels phares de l’iPhone, Shazam, première application gratuite de découverte musicale mobile, a connu un succès fulgurant avec plus de 10 millions de téléchargements à ce jour. Elle permet de retrouver le titre et l’interprète du morceau musical que vous entendez à la radio. C’est aujourd’hui l’une des applications musicales les plus populaires au monde, renforcée par la nouvelle application Shazam Encore (payante, elle). Les logiciels de localisation type GPS figurent parmi les plus plébiscités devant les applications de jeu (Les Sims, Worms, etc.). C’est avec ces dernières que les éditeurs de jeux ont exploité ce nouveau marché à fort potentiel financier, mais aussi de notoriété. Les applications gadgets ont également trouvé un public d’accros qui sont à l’affût de la dernière incongruité que peut leur offrir l’App Store ? la boîte à meuh et autres cris d’animaux, le briquet, la flûte (Ocarina a été téléchargée 400 000 fois en un mois), le piano, le coussin péteur ou la pinte à bière ? qui ne servent à rien d’autre qu’à amuser la galerie. Plus concrètement, des programmes pour lire les codes-barres, pour favoriser des rencontres amoureuses ou localiser ses amis sont aussi très prisés. Plus utiles sont les applications de géolocalisation ? RATP ou Vélib’ ? celles qui situent les restaurants, parkings ou stations-service les plus proches, les annuaires ou les recettes de cuisine, bref de vrais outils informatifs. Des applications encore plus innovantes proposent maintenant des expériences de réalité augmentée.
Une concurrence morose
Mais plus le nombre d’applications augmente, plus leur visibilité pose problème. Noyées au milieu de la multitude d’offres mises en ligne sur l’App Store, elles tombent vite aux oubliettes. Sauf à faire partie des 20 applications les plus téléchargées sur la plate-forme, d’être assorties d’avis favorables sur les forums et les blogs, ou encore d’être soutenues par une communication extérieure de la part des marques. Du côté des concurrents à l’iPhone, ce n’est pas l’euphorie, loin de là. La plate-forme Android Market de Google peine ainsi à suivre avec ses 20 000 logiciels en ligne. Loin derrière, la récente plate-forme Windows Marketplace Mobile de Microsoft affiche quelques dizaines de programmes seulement en français. L’App Store a littéralement phagocyté le marché avec un circuit de distribution très fermé où Apple contrôle absolument tout. Car l’objectif du fabricant est avant tout de fidéliser l’utilisateur pour qu’il ne rejoigne pas un autre environnement mobile. Une stratégie qui paye, pour preuve l’enthousiasme généré par ces programmes à travers le monde. Ira-t-on vers une généralisation des applications pour tout mobile, c’est le souhait formulé par de nombreux utilisateurs. Même si l’avance qu’a prise Apple semble difficile à rattraper, la concurrence s’organise et les éditeurs commencent à développer des applications pour d’autres environnements. “ Nous allons dupliquer toutes nos applications en Android et sur Nokia cette année. Nous ne sommes qu’au début du potentiel de développement des applications, tous supports confondus ”, conclut Jean-Sébastien Cruz. Un mouvement qui se généralise sur tous les matériels, car un smartphone ne saurait exister à l’avenir sans un choix démultiplié d’applications à télécharger.
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