Chaque fois qu’un manque d’informaticiens se fait sentir, des sociétés cherchent à former des hommes-sandwichs. Mais le résultat, on le voit sur le marché du travail quelques années plus tard”, ironise un président d’université faisant allusion à ces informaticiens quasiment estampillés à la marque d’un fournisseur, et que, finalement, on hésite à embaucher à cause de cela. Dans le collimateur, les éditeurs et constructeurs informatiques qui proposent aux établissements d’enseignement supérieur de certifier les étudiants sur leurs produits et technologies. Comme Microsoft il y a quelque temps, ou Cisco le mois dernier. Dans le même esprit, Ilog, fournisseur de composants logiciels, a monté l’an dernier un ” partenariat éducation ” à l’intention des universités. Le principe en est simple : donner aux professeurs accès à ses composants pour qu’ils s’en servent dans leurs cours. L’objectif est sans détour : ouvrir un canal de recrutement pour les clients et partenaires du fournisseur. Celui-ci s’engageait, en effet, à promouvoir auprès d’eux les compétences des jeunes diplômés estampillés Ilog.
Car l’enjeu des partenariats entre entreprises et enseignement est bien là. Non seulement les premières se servent des écoles et des universités comme tremplin pour leurs produits, mais elles y trouvent surtout leurs futures recrues. Il ne s’agit plus de faire juste une apparition lors d’un forum organisé par une école et d’y mettre en avant l’inévitable ” valeur ajoutée ” de ses produits et son sens du service. C’est, pour ne citer que des exemples récents, l’intégrateur Alpha Technologies qui apporte ses compétences et son expérience aux étudiants de l’Esiea (1) à l’occasion de projets et de travaux pratiques. C’est Bouygues Telecom qui participe à l’orientation des options et intervient dans les enseignements de Supélec. C’est NEC Electronics qui équipe un laboratoire de l’Esiee (2) sur les systèmes embarqués et s’engage à un transfert de compétences. C’est aussi l’alliance passée entre l’ESC Grenoble et IBM (lire page 38). Les écoles de commerce sont, en effet, elles aussi gagnées par le phénomène depuis qu’elles se préoccupent de nouvelles technologies.
Ces initiatives profitent indéniablement aux étudiants, mis en présence de professionnels et d’expériences terrain. Mais leur valeur dépend des garde-fous mis en place par les établissements. Jean Schmitt, le PDG de SLP Infoware, dont certains ingénieurs donnent des cours à l’INT, à Télécom Paris ou à l’IUT de Vannes, le dit bien : “Nous ne faisons pas de la formation pour nos concurrents.” Sans compter que les stages sont devenus une occasion de tester les étudiants avant de les embaucher dans la foulée de leur mission. Dans ces conditions, la vocation pédagogique risque de passer au second plan. Ce qui, de l’aveu de certains responsables, n’est pas toujours facile à déceler
(1) Ecole supérieure d’informatique, électronique, automatique.
(2) Ecole supérieure d’ingénieurs en électrotechnique et électronique.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.