Ce projet se nomme DerdeKamer, ou la Toisième Chambre, que Reinder, son fondateur (et mon ami) nomme aussi ” Le parti d’Internet “, et que je rebaptise ” Parti sur Internet “, parce que c’est de là que ça part, parce que c’est un point de départ pour une réflexion.La constatation : Internet existe. Pas seulement pour y vendre de mauvais romans (j’ai des noms), des chaussures de marque (ce qui veut dire aujourd’hui, toutes de la même marque), de la musique à la tonne et des idées sous vide. Internet existe, et depuis des années des gens y ont développé une pratique de l’échange, de la discussion, de la proposition et de la construction. Et même s’il y a beaucoup de bruit, ça marche. Ceux qui ne me croient pas n’ont qu’à faire un tour dans les archives d’Usenet.Alors voilà, Reinder ?” un vieux routard des réseaux électroniques en tout genre ?” s’est dit que ce modèle pouvait aussi servir à d’autres fins. Par exemple à se doter d’une instance active dans la vie politique de son pays. Les Pays-Bas en l’occurrence.Il a donc créé un site, Derdekamer.net (pour le moment, c’est tout en néerlandais, mais une traduction devrait voir le jour prochainement), où il propose, à qui le souhaite, de participer. Le but : instaurer un modèle de démocratie paticipative par Internet. Le moyen : des listes de discussion, des consultations régulières des membres actifs, et un représentant à l’équivalent local de l’Assemblée nationale, la Deuxième Chambre.Un représentant, un vrai, pas juste quelqu’un qui obtient un mandat électoral et qui fait ensuite ce que bon lui semble, comme c’est le cas aujourd’hui. Un représentant qui porte la voix de cette Troisième Chambre en réseau jusqu’à la Deuxième Chambre, ou Assemblée nationale, et qui rend compte à ceux qui l’ont élu et avec qui il élabore au jour le jour son action (propositions de lois, communications, prises de position, votes) par le biais des forums.Vous remarquerez que le but n’est pas d’établir une démocratie directe à la Loft Story?” “Tu m’ennuies, je te sors” ?” avec un simple vote par téléphone, mais un forum de citoyens rassemblés autour de quelques idées, capables de discuter et d’élaborer entre eux, et représentés par un élu dans une instance républicaine. C’est une extension, et non pas une réduction, du principe démocratique.Il existe un principe associé au projet Derdekamer.net : tout se passe par Internet. C’est-à-dire que le fameux représentant n’est pas élu pour passer à la télé ou pour aller dégoiser ses profondes réflexions en déclarations de foi fumeuses dans les journaux. Son action se fait sur le Réseau, sur un mode qui permet toujours la réponse de et le dialogue avec ceux qui l’ont élu.On nomme ça de la démocratie participative. On peut y grogner en temps réel, pas juste une fois tous les cinq ans. Et on peut y apporter des idées en permanence. Il n’y a pas confiscation des voix à intervalles réguliers.Bien entendu, c’est possible parce que la Hollande connaît une pratique du Réseau beaucoup plus répandue que la nôtre. Et une reflexion politique un brin plus avancée aussi, qui tend à associer plus étroitement, par exemple, le monde associatif et le monde politique.Bien entendu, il est un peu tard pour faire ce genre de proposition chez nous, il aurait fallu y penser plus tôt. Bien entendu, nous avons d’autres urgences ces jours-ci. Bien entendu. Mais j’avais pas le coeur à parler d’autre chose.Prochaine chronique jeudi 9 mai
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