2000 aura été une année d’annonces, 2001 sera une réalité. Pas seulement au niveau de l’offre, mais également du point de vue du déploiement des serveurs de cache”, déclare Sébastien Ozanne, directeur marketing chez Matra Global Netservices (ex Matra Grolier Network). Visionnaire ? Peut-être. Mais impatient de déployer ces serveurs dans l’infrastructure de Matra Global Netservices. Un dispositif censé ne procurer que des avantages en termes d’économies, tot d’abord ne peut laisser insensible tous ceux qui ont un ou plusieurs sites internet à gérer. La demande se précise. La technologie arrive à maturité, et 2001 verra sans aucun doute le déploiement massif des serveurs de cache dans les infrastructures Internet.
Le principe est très simple
Cet équipement, dont les premiers modèles coûtent dans les 20 000 F, deviendra aussi indispensable que le sont un coupe-feu ou un routeur. Un serveur de cache est une sorte de grosse mémoire placée entre le serveur Web et internet. Il mémorise la dernière information délivrée par le serveur web à un internaute. Si de nouveau internautes demandent cette information, c’est le serveur de cache qui la leur renverra, et non le serveur web. Mais, pour être efficace, un serveur de cache ne peut pas mémoriser tout le contenu d’un site Il stocke entre 10 et15 % du contenu. Ce qui peut sembler faible mais, pourtant, un tel serveur augmente très sensiblement les performances d’un site au niveau des temps de réponse, et donc soulage le serveur web d’une certaine charge de travail. “On peut réduire la charge CPU d’un serveur d’une dizaine, voire d’une vingtaine de points”, estime Domenico Surace, directeur général d’Internet Fr. Une estimation que partage également Jean-Pierre Chamarande, responsable des offres hébergement chez Matra Global Netservices. Par conséquent, la mise en place d’un serveur de cache dans une infrastructure, et la réduction de charge qui en découle dans les serveurs web, procure à l’infrastructure une meilleure résistance aux pics de montée en charge et, en cas de trop grande affluence, évite même l’adjonction d’un serveur web supplémentaire pour conserver une qualité de service acceptable. Pierre Gille, responsable des ventes pour l’Europe du Sud chez Network Appliance, n’hésite d’ailleurs pas à affirmer qu’un “serveur de cache c’est 4 à 5 serveurs web d’économisés” ! Avantage supplémentaire : l’installation d’un serveur de cache ne remet pas les développements en cause. “Déployer un serveur de cache est plus économique et plus simple que d’agrandir le tuyau, résume Bernard Berry, directeur technique de France Télécom Hébergement. Un plus gros tuyau demande une plus grosse infrastructure (routeurs, etc.) et la multiplication des serveurs. Un serveur de cache représente par contre une solution vraiment optimisée aux niveaux des coûts et de l’infrastructure.” Si les serveurs de cache s’avèrent très avantageux, on ne peut toutefois pas les placer devant n’importe quel serveur web. En effet, leurs performances dépendent beaucoup de la nature des contenus. Statiques, ils donnent de très bons résultats; dynamiques, en revanche, ils sont plus délicats à administrer, voire ingérables. La présence d’un serveur de cache n’apporte strictement rien dans ce cas. Ainsi pour un moteur de recherche, ou un site transactionnel gérant beaucoup de caddies.
De nombreuses restrictions
Autre contrainte, le paramétrage de ces serveurs est complexe et exige tout le savoir faire de l’hébergeur en la matière. Une expérience qui se monnaye, naturellement, ce qui explique que les hébergeurs limitent la mise en ?”uvre des serveurs de cache aux serveurs dédiés uniquement. Pour Domenico Surace, ce choix relève avant tout d’une stratégie commerciale. “Le marché des serveurs mutualisés, quel que soit l’hébergeur, est mondial et concurrentiel. La stratégie consiste donc à faire le moins cher possible. Ainsi, nous ne plaçons pas de serveurs de cache devant nos serveurs mutualisés. D’ailleurs, je ne suis pas certain que les clients feraient la différence. En revanche, il la font dès qu’il s’agit d’hébergement critique.” Chez Matra Global Netservice, l’argument économique vise plutôt l’hébergeur lui-même. Jean-Pierre Chamarande reconnaît qu’un serveur de cache derrière un serveur mutualisé est “difficilement gérable”, et qu’assurer un tel service n’est peut-être pas justifié sur un hébergement à ce niveau de prix. Chez les clients finaux, les réticences sont encore de mise. Fabrice Gesnouin, directeur technique de Comparatel, est farouchement opposé à leur emploi. Perte de statistiques“Nos performances sont très très bonnes, sans infrastructure optimale “, dit-il. Et que se passe-t-il lors d’un pic de montée en charge ? “Nous répondons par une augmentation du nombre des serveurs.” À ce renfort s’ajoute un équilibrage de charges, ce qui induit une meilleure optimisation de la bande passante. Mais à la question de savoir si un serveur de cache serait plus économique, après hésitation, Fabrice Gesnouin avoue qu’il a peur de perdre le contrôle du site. “Les serveurs de cache nous empêchent de compter les consultations des bannières de publicité. Nous craignons de perdre les statistiques. Nous avons très, très peur des problèmes avec nos annonceurs. Les caches mis en ?”uvre par les ISP biaisent déjà ces statistiques, alors, ajouter notre propre cache serait dangereux.” Argument admissible, mais à relativiser. “Certaines bannières de pub peuvent poser problème, admet Domenico Surace. Tout dépend du développement. Bien faite, elle apparaît dans les logs.” Chez France Télécom Hébergement, Bernard Berry élargit le débat en abordant le problème du suivi des licences d’utilisation des logiciels. Il se montre confiant. “Les serveurs de cache ne sont pas encore tout à fait au point, mais ça évolue. L’aspect statistique du traitement des logs se fait, et en temps réel qui plus est !” Soit. Les bannières de publicité sont encore la base de bien des modèles économiques de sites internet, gageons que ces incidents de jeunesse seront rapidement surmontés.
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