Temps maussade en 2002. La relance annoncée des dépenses informatiques est prévue, au plus tôt, pour la fin de l’année 2002. Les réductions de budgets, le gel des projets et des recrutements, et, enfin, la période électorale vont, en France, freiner les investissements informatiques. C’est ce que révèle l’enquête exclusive Pierre Audoin Conseil/01 Informatique. “Mais il ne s’agit nullement d’un scénario catastrophe, comme il y a dix ans. Tout d’abord, 2001 a profité d’une croissance moyenne de 7,2 % en dépenses informatiques avant les événements de fin d’année, explique Jean-François Perret, directeur de Pierre Audoin Conseil (PAC). Il faudra tenir compte, cette année, d’une légère pression sur le personnel interne, sur les salaires, sur la maintenance des PC, et d’une forte pression sur les projets. Mais on continuera de dépenser, notamment dans les services associés aux architectures existantes ?” ne serait-ce que pour la maintenance applicative.”
Internet n’est plus la priorité numéro un
Tout ce qui est lié aux nouveaux projets ?” gestion de la relation client et e-business ?” sera remis en question, mutualisé le cas échéant, voire annulé temporairement. Les projets internes porteurs d’économie ?” intranet, amélioration de la communication d’entreprise ?” seront privilégiés. “On réajuste à la baisse les investissements e-business, et les solutions dites ” multicanales ” sont mises au goût du jour, internet n’étant plus forcément la priorité”, précise Jean-François Perret.Après les attentats du 11 septembre, le cabinet PAC a révisé à la baisse les taux de croissance de l’année 2001, qui sont passés, en décembre, de 7,2 à 6,7 %. Cette mise à jour concerne aussi 2002, dont la croissance initialement prévue à 6,5 %, baisse, elle, à 5 %. Parmi les facteurs de dépense, les achats externes peuvent être plus facilement réduits que les dépenses liées au personnel interne. Ces dernières, dont la progression était continue de 1998 à 2001, baisseraient légèrement, selon PAC, à 3,6 % cette année, avec un gel temporaire des embauches et des augmentations de salaire.En matière de dépenses externes, tout sera ralenti, excepté les services d’externalisation et les dépenses en télécom. Les nouveaux contrats d’outsourcing conclus en 2002 prendront effet, eux, en 2003. De nombreuses SSII se repositionnent sur cette activité, “car l’impact de la logique boursière sera important en 2002. Cotées en Bourse, la plupart des sociétés de services, qui n’ont pas le droit à l’erreur, subissent les pressions des analystes financiers, liées étroitement aux besoins du marché”. Enfin, l’effet électoral devrait freiner certains projets.
Redonner une nouvelle jeunesse à l’existant
La recherche de l’accroissement de la rentabilité des investissements informatiques pousse à accorder une grande importance à l’existant. Les entreprises consolident leurs architectures, renforcent l’administration des applications en exploitation et donnent plus d’ampleur à l’amélioration de la sécurité. Plutôt que d’entreprendre des développements, c’est le moment de mieux associer les logiciels par le biais d’outils d’intégration d’applications et d’optimiser des progiciels de gestion intégrés qui ont demandé des mois d’installation.Redonner une nouvelle jeunesse au parc applicatif mobilise le personnel interne et fait aussi travailler SSII et intégrateurs. D’où un effort des uns comme des autres pour réorienter des équipes dédiées aux nouvelles technologies vers des langages et des outils plus classiques. La formation devrait donc maintenir une croissance à deux chiffres en 2002. Dans cet élan de stabilisation, il devient opportun de mieux connecter aux grandes bases de données centrales les applications e-business ou la gestion de la relation client. Ce qui peut d’autant mieux se faire que les projets sur ces domaines fonctionnels ont de plus en plus tendance à échapper aux entités opérationnelles pour entrer dans le giron des directions informatiques. Celles-ci sont d’ailleurs responsables de 50 % des dépenses informatiques en France, soit deux fois plus que les utilisateurs finals. “C’est sur les directions informatiques, responsables de la sous-traitance comme des achats, que s’exerce le plus fortement la pression, souligne Jean-François Perret. D’où une moindre croissance de leurs budgets (1,7 % en 2002). C’est le niveau de l’inflation, ce qui signifie une augmentation proche de zéro. Les DSI ont une année difficile.” De nombreux secteurs économiques ressentent une forte pression sur leurs dépenses informatiques. C’est le cas de la haute technologie, des télécommunications, de la chimie, de la sidérurgie, de la banque d’investissement, d’une partie de l’assurance, de la construction et des transports aériens, et du tourisme. Les domaines touchés représentent de 30 à 40 % des dépenses en France. En revanche, la crise affecte moins l’automobile, le commerce, la distribution et le secteur public, à l’instar de la RATP et de la SNCF, qui développent leurs investissements.
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