Comme pour nous consoler de l’hiver qui approche, de l’exotisme déjà fané des vacances, le Festival d’automne revient depuis trente ans, à l’orée de cette saison mélancolique, nous livrer sa cohorte de spectacles hétéroclites. Un programme toujours alléchant, des choix artistiques souvent insaisissables et, au final, de bonnes et de mauvaises surprises : un festival à l’image de la vie en somme. Bizarrement agencé, mais fort riche, le site internet du festival ( www.festival-automne.com) est le miroir de ce grand fourre-tout culturel, gentiment élitiste. La page d’accueil suggère de s’arrêter sur La Petite fille aux allumettes (photo ci-contre), opéra d’Helmut Lachenmann (du 17 au 22 septembre au Palais Garnier, à Paris), qui ouvre le Festival. Cliquons ! À ceux qui ne connaîtraient pas encore ce compositeur allemand, souvent critiqué pour son traitement un rien ” terroriste ” du son et sa vision peu orthodoxe du ” beau ” en musique, on suggérera les quelques extraits en écoute sur le site, mais surtout la lecture de l’interview en ligne, avec ce passage : ” Est laid ce qui est banal, passé, ranci, ce que l’on produit en claquant des doigts sans fournir aucun effort, ce qui est hypocrite ou mensonger. “
Inventivité et provocation
Amis de l’inertie, passez votre chemin… Et passez le définitivement ! Car le reste du Festival fait la part belle à l’inventivité et à la provocation. À l’image de cette installation de Jenny Holzer, à la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, du 20 septembre au 4 novembre : quatre panneaux électroniques lumineux de 36 mètres de haut, au centre du ch?”ur de la chapelle, où défileront en permanence et en désynchronisme des textes de l’artiste américaine. Et pas n’importe quels textes : des aphorismes sur la bêtise humaine (ses fameux Truisms, à lire sur http://stuartcollection.ucsd.edu/holzer/Tru.html), des questionnements faussement naïfs sur la pauvreté, le sexe, la mort, la guerre (par exemple, la série Survival, à découvrir sur http://adaweb.walkerart.org/context/artists/holzer/holzer0.html)… Des mots que Jenny Holzer impose au regard en les imprimant sur les murs de nos villes, tels des slogans publicitaires.
Travail avec le corps
Merce Cunningham, autre vedette du Festival d’automne, préfère quant à lui le geste à l’écrit, l’instinctif à la logorrhée philosophique. ” Il n’y a pas de réflexion dans mes chorégraphies… Je ne travaille pas avec des images ou des idées. Je travaille avec le corps “, écrit-il sur le site de sa fondation ( www.merce.org). Le chorégraphe américain proposera quatre de ses créations du 6 au 17 novembre : Interscape (son dernier opus), Way Station, Rainforest, et surtout Biped, aboutissement esthétique des appétences toujours plus fortes de Cunningham pour les nouvelles technologies. Quatre spectacles, en forme d’hommage à ce maître de la danse contemporaine, figure emblématique des trente ans du Festival d’automne, selon son directeur général, Alain Crombecque. Pour ce dernier, Cunningham, tel le Festival, représente ” cette infinité de lignes, déjouant les mathématiques qui veulent que par deux points n’en passe qu’une seule “.Le Festival d’automne se tiendra du 17 septembre au 21 décembre 2001 à Paris.
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