Passer au contenu

Déficitaire, Bull cherche son salut dans l’e-business

L’entreprise finit l’année 2000 avec un chiffre d’affaires en baisse de 2,3 %, autour de 3,244 milliards d’euros et un résultat net de – 243 millions d’euros. La cession de CP8 permet de modérer la débâcle. Bull se recentre autour du conseil en architectures et des solutions e-business.

Bérézina à Louveciennes : Bull poursuit sa chute. Le chiffre d’affaires 2000 du groupe informatique français est en baisse de 2,3 % par rapport à l’exercice 1999, et s’établit à 3,244 milliards d’euros. Le résultat net est de – 243 millions d’euros, une moins mauvaise performance néanmoins que l’année précédente où il avait atteint – 288 millions d’euros.Bull n’est toujours pas parvenu à devenir rentable, loin s’en faut, et ce, malgré la cession à Schlumberger de la filiale cartes à puce CP8 ?” qui a rapporté 296 millions d’euros de plus-value ?” et celle de sa filiale irlandaise Cara (services informatiques de gestion), qui a rapporté 10 millions d’euros. Une rentrée d’argent frais qui permet à Guy de Panafieu, PDG de Bull, de modérer l’étendue du sinistre.” Notre résultat net retraité après cession des activités non stratégiques s’établit autour de 92 millions d’euros de pertes pour un niveau de fonds propres de 237 millions. Par ailleurs, notre dette s’élève à 301 millions d’euros et nos encaissements liés aux cessions à 361 millions. Bull se désendette donc “, explique Guy de Panafieu. Certes, cette valse de chiffres ” retraités ” permet de donner meilleure allure aux résultats, mais masque mal l’inadéquation de l’offre de l’intégrateur français.

” net.Infrastructure Company ” : une stratégie de filialisation ouverte sur la Net-économie

La priorité est donnée au conseil en architectures et à la vente de systèmes ouverts, propres aux infrastructures techniques de la Net-économie. Deux pôles, centrés sur les services et les serveurs, constitueront désormais l’essentiel de l’activité de l’intégrateur français.Comme prévu, la division Integris (1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2000), qui devrait exister en tant qu’entité indépendante dans les semaines qui viennent, a récupéré depuis janvier 2001 toutes les activités de service du groupe.Pour sortir l’entreprise du marasme, Integris se focalise sur les métiers porteurs du conseil en intégration (40 % du chiffre d’affaires), de la maintenance (20 % du CA), de la gestion d’infrastructures (20 % du CA), des télécommunications (11 % du CA) et du e-business.L’entité Integris, qui emploie 10 000 personnes (sur 18 000), occupe le dizième rang européen sur le terrain de l’infogérance. Celle-ci devrait s’appuyer sa base installée pour assurer son développement (Elf, Alcatel, EDF-GDF…).La nouvelle entité Bull Infrastructure & Systèmes hérite de l’activité serveurs. Son axe de développement repose sur l’ouverture vers le monde du e-business.Bull Infrastructure & Systèmes met en effet l’accent sur la vente de systèmes ouverts couplés à des technologies Internet (CRM, Trustway Appliances pour la sécurité, e-procurement et serveurs d’applications). Des partenariats avec Intel (serveurs 64 bits sous AIX 5L), BEA ou Oracle seront chargés de mettre cette petite entité sur la rampe de lancement. Cet objectif sera poursuivi tambour battant, en parallèle avec des c?”urs d’activité traditionnels chez l’intégrateur, comme les progiciels, ou le Web-to-Host par l’intermédiaire du programme net.GCOS.

Haro sur les dépenses et cap sur la productivité !

Le maître mot est : économies. Dans le cadre du plan de restructuration entamé le 15 janvier, qui devrait se prolonger jusqu’en 2003, Bull aligne les réductions de dépenses réalisées : moins 12 % en recherche et développement, 10 % des effectifs supprimés (1800 suppressions d’emplois d’ici à 2003, dont 300 cette année, pour 500 en 2000 et 1760 en 1999), disparition de degrès hiérarchiques au niveau des directions départementales, et augmentation de la productivité commerciale. Seules 2 000 embauches opérées l’année dernière viennent contrebalancer ce panorama.Malgré le soutien des marchés publics (44 % du chiffre d’affaires), Bull vend une partie de son patrimoine pour renflouer des caisses éprouvées par un positionnement trop axé sur le conseil et l’expertise en architecture. Priorité aux infrastructures e-business donc, un terrain sur lequel Bull manque d’expérience.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Francisco Villacampa et Renaud Bonnet