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DeepSeek est accusé de partager vos données avec TikTok

La Corée du Sud accuse DeepSeek de partager les données personnelles de ses utilisateurs avec ByteDance, la firme chinoise à l’origine de TikTok. Suscitant les inquiétudes des régulateurs sud-coréens, l’IA a été bannie du pays jusqu’à nouvel ordre.

DeepSeek, l’IA chinoise qui fait peur aux géants de la tech américains, continue de susciter les inquiétudes des régulateurs à travers le monde. La Corée du Sud accuse en effet la société chinoise d’avoir partagé les données de ses utilisateurs avec une autre entreprise basée en Chine : Bytedance, le propriétaire de TikTok.

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DeepSeek est interdit en Corée du Sud

Comme le rapporte l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, la Commission de protection des informations personnelles (PIPC) du pays a pu confirmer « la communication de DeepSeek avec ByteDance ». Cependant, l’agence de régulation doit encore « confirmer quelles données ont été transférées et dans quelle mesure ».

Les chercheurs de Security Scorecard ont également découvert des preuves que DeepSeek échange des informations avec les serveurs de ByteDance. En analysant le code de l’application Android, les experts ont déniché « plusieurs références directes aux services appartenant à ByteDance ». Il y a « une intégration profonde avec l’infrastructure d’analyse et de surveillance des performances de ByteDance », qui permet de surveiller le « comportement de l’utilisateur » et de voler « les métadonnées de l’appareil ». Par ailleurs, les chercheurs ont pu prouver que des données « étaient transmises à des domaines liés à des entités appartenant à l’État chinois ».

Face à ce partage de données, la Corée du Sud a préféré interdire l’application DeepSeek de toutes les boutiques de téléchargement. Avant son éviction, l’app avait cumulé plus d’un million de téléchargements sur l’App Store et sur le Play Store. Les utilisateurs existants peuvent continuer à utiliser l’IA sur un navigateur Web. Selon la Commission de protection des informations personnelles, DeepSeek collabore avec les autorités et reconnait avoir enfreint les lois sud-coréennes sur la protection de la vie privée. L’IA sera à nouveau accessible en Corée du Sud une fois qu’elle respectera les lois locales.

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DeepSeek dans le viseur des régulateurs

De nombreux pays se penchent actuellement sur la manière dont DeepSeek collecte et traite les données de ses usagers. C’est le cas de l’Italie, par le biais de l’autorité italienne de protection des données, ou de l’Australie, qui a choisi d’interdire DeepSeek de tous les systèmes gouvernementaux.

Les conditions d’utilisation de l’IA chinoise ne font pas grand mystère de la collecte d’informations. DeepSeek ne se cache pas d’aspirer les données personnelles des individus qui conversent avec l’intelligence artificielle. C’est pourquoi les autorités sud-coréennes recommandent aux usagers de « faire preuve de prudence et d’éviter de saisir des informations personnelles dans le chatbot ». 

Une décision politique ?

Pour Alessandro Fiorentino, expert en protection des données chez Adequacy, l’interdiction de DeepSeek est surtout une décision politique. Selon lui, l’interdiction de DeepSeek à travers le monde « illustre comment la protection des données devient un prétexte à des décisions avant tout géopolitiques » :

« Si la cybersécurité et la confidentialité étaient réellement les seules préoccupations, alors les mêmes restrictions devraient s’appliquer aux géants américains dont les pratiques de collecte et de transfert de données sont similaires. La législation chinoise, qui impose aux entreprises de collaborer avec l’État, alimente une méfiance spécifique ». 

Source : BBC


Florian Bayard