Comment faire pour créer un réseau informatique en plein désert? Pour la plupart des gens, cette question peut sembler superflue. Pour l’Armée de terre, elle fait partie du quotidien, car elle doit pouvoir communiquer et transmettre les ordres de commandement depuis n’importe quel endroit.
Pour y arriver, les militaires disposent d’un équipement spécifique appelé « Abri modulaire de poste de commandement » (AMPC). C’est l’équivalent moderne de la tente du général où les officiers se réunissaient pour consulter les cartes de l’Etat-major. Il est déployé, en particulier, dans le cadre de la mission Serval, en Afrique. 01net a pu en visiter un à l’occasion du Forum international de la cybercriminalité, qui s’est déroulé à Lille le 20 et 21 janvier.
Dix d’un coup
Les AMPC sont des containers dans lesquels viendront se loger tous les équipements informatiques et télécoms nécessaires. On peut assembler jusqu’à 10 AMPC entre eux pour créer des espaces plus grands, un peu comme des briques emboîtables pour enfants.
Les communications passent au travers de Syracuse III, un réseau de satellites militaires français. Le débit maximal n’est pas énorme (512 kbit/s), mais suffisant. Certains postes non stratégiques peuvent être raccordés aux réseaux terrestres type ADSL, s’ils sont disponibles. C’est souvent le cas, par exemple, pour le service de communication de l’Armée.
A l’intérieur d’un AMPC on reconnait des équipements high-tech classiques: des PC, des serveurs, des commutateurs…
… mais certains équipements sont propres aux échanges militaires, par nature confidentiels. C’est le cas, par exemple, du téléphone crypté Teoreme ou des boîtiers de chiffrement Thales. Par ailleurs, les AMPC n’hébergent pas un seul réseau, mais plusieurs. Il y a au moins un réseau pour chaque niveau confidentialité, bien cloisonnés les uns des autres: diffusion restreinte, confidentiel spécifique, confidentiel défense.
Les consignes d’utilisation sont évidemment draconiennes. On remarque au passage que l’Armée n’échappe pas aux usages du monde civil. Ainsi, il est interdit « de visiter des sites que la loi interdit (en particulier les sites de téléchargement peer to peer) ou que la morale réprouve ».
Depuis l’été dernier, les AMPC disposent également d’un système de gestion de la sécurité informatique, fourni par Airbus Cassidian, permettant de détecter les attaques et les intrusions éventuelles. Car, certes, l’Armée dispose de ses propres réseaux de télécommunications, mais les services Internet sont aussi de plus en plus utilisés (sauf pour le niveau secret défense). A mesure que les passerelles vers l’extérieur se multiplient, la protection doit donc être renforcée.
Enfin, le détail qui tue : chaque AMPC est doté d’une… massue. En effet, les soldats doivent pouvoir détruire les équipements sensibles en cas d’urgence. Et visiblement, le plus simple c’est encore de taper dessus…
Lire aussi:
Comment l’armée française se prépare à la cyberguerre, le 03/10/2014
Une Mercedes option guerre électronique, signée Bull, le 20/11/2013
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.