Le Lumix GH4 est toujours le chouchou de nombre de vidéastes et autres boîtes de production. Mais voilà que son successeur le GH5 pointe le bout de son nez. De son aïeul, le GH5 entend reprendre le flambeau de « champion de la vidéo ». Mais en profitant de technologies améliorées voire nouvelles – stabilisation du capteur notamment – le GH5 est le premier boîtier avec lequel Panasonic souhaite aussi séduire les photographes pros.
Le logiciel du boîtier que nous avons manipulé n’était pas encore final : selon les données EXIF que nous avons extraites des fichiers, le firmware était en version 0.4. Nous ne porterons donc pas de jugement sur la qualité d’image, mais sur des fonctionnalités emblématiques de l’appareil.
Premier contact et premier constat : oui, l’appareil est bien tropicalisé et résistant au froid. Invités par Panasonic pour une présentation presse à la montagne, le test en situation nous a permis de mettre le GH5 à l’épreuve des chutes dans la neige – tout le monde n’est pas champion de ski… Il a encaissé de nombreuses descentes, plusieurs chutes et n’a jamais bronché en dépit de son caractère non définitif.
Le GH5 est le plus gros et le plus lourd de tous les appareils photo Micro 4/3 jamais sortis (certaines caméras cinéma sont plus imposantes) et se prend en main comme un reflex. Quel est son avantage par rapport à un vrai reflex plein format alors ? Il est d’abord plus compact et plus léger. Et grâce à son capteur plus petit, les optiques sont bien moins lourdes et encombrantes.
A l’instar de ce qu’Olympus a réalisé avec l’OM-D E-M1 Mark II, Panasonic offre la prise en main et la résistance d’un reflex, avec la compacité et la puissance électronique des hybrides.
Sa faiblesse ? Le même petit capteur ne permet pas de monter aussi haut en définition (20 Mpix) ni dans les hautes sensibilités. Mais de cette faiblesse structurelle, Olympus et Panasonic ont réussi à en faire une force : les appareils Micro 4/3 sont devenus au fil du temps les champions incontestés des rafales et de l’autofocus. Tout en offrant un niveau de qualité plus que suffisant pour la majorité des usages.
Vidéo 4K : Panasonic intouchable ?
La fiche technique et les possibilités vidéo de ce boîtier est impressionnante. Panasonic a même dévoilé des informations de mise à jour des fonctionnalités qui devraient arriver dans le cours de l’année afin d’enfoncer un peu plus le clou – débits encore améliorés, etc. Si nous n’avons pas pu prendre en main toutes les fonctions du GH5, loin (très loin) de là, nous avons pu tester deux fonctions intéressantes : le mode ralenti Full HD à 180 images par secondes et la qualité de la stabilisation en 4K.
Concernant le mode ralenti, si la mise en œuvre est un peu complexe – il faut rentrer dans le bon menu et choisir la bonne option – et si la mise au point et manuelle, la qualité d’image et la fluidité des trames est au rendez-vous. Vous pouvez en juger par vous-même sur les séquences ci-dessus.
La stabilisation mécanique du capteur, que Panasonic décline du milieu au haut de gamme, est active en photo comme en vidéo. La séquence 4K, tournée ici à main levée sur un télésiège, montre à quel point elle est efficace. Si la stabilisation du capteur est chose aisée pour les boîtiers qui taillent dans l’image, le GH5 utilise tout le capteur pour filmer, laissant peu de marge pour les corrections logicielles.
Pour rebondir sur l’intertitre « Panasonic intouchable ? » volontiers provocateur, non Panasonic n’est pas le seul à être fortiche en vidéo : Sony et ses boîtiers plein format et APS-C – on pense à l’A6500, inégal mais redoutable en vidéo – offre aussi d’excellentes performances de niveau professionnel. Mais si Sony surclasse Panasonic dans les basses lumières, le GH5 est utilisable tel quel, quand les boîtiers de Sony s’avèrent plus limités sans accessoires (follow focus, enregistreur externe, enregistrement 4:2:2 sur carte mémoire, mode anamorphique, etc.).
Le GH5 pourrait ainsi devenir l’arme de choix, outre des sociétés de production, des photojournalistes à la recherche d’un appareil qui fasse de bonnes photos mais tout aussi capable de tourner des sujets vidéo de qualité broadcast quand le besoin s’en fait sentir. Dans la fusion photo/vidéo, Panasonic a toujours eu de l’avance. Et le GH5 confirme cette domination.
Rafale 6K : fini les photos d’action ratées !
Introduite avec le Panasonic G7, la rafale électronique progresse d’une étape avec le GH5 : la cadence 4K passe à 60 images par seconde et un nouveau mode 6K à 30 i/s fait son apparition. Oui, le GH5 shoote 30 images de 4992 x 3744 pixels par seconde et ce manière totalement illimitée – jusqu’à ce que votre carte mémoire soit pleine.
Très riche dans les modes (pré-enregistrement, etc.) la rafale 4K/6K est une arme quasi absolue pour la photo d’action planifiée – nous reviendrons dessus. Afin de la mettre à l’essai, nous avons profité d’un atelier mis en place par Panasonic, dans lequel des surfeurs et skieurs sautaient sur un tremplin de neige. Mis à part le choix de bons réglages d’exposition et la capacité du photographe à suivre le mouvement, la cadence d’image est tellement performante que nous avons fait mouche à chaque fois. Les réglages retenus étaient ici le mode S (vitesse), avec l’obturateur au 1/1300e, la sensibilité à 400 ISO et l’optique 12-60 mm f/2.8-4 Leica grande ouverte.
La rafale 6K – ou 4K si 8 Mpix suffisent à votre usage – est un très bel outil, mais son feeling et le temps de traitement l’éloignent de la rafale traditionnelle – rafale « normale » qui est tout de même de 9 i/s par secondes. Quand cette dernière est taillée pour travailler au cœur d’une action imprévisible, la rafale 6K doit être plus pensée, planifiée. Mais bien maîtrisée, elle va sans doute devenir une arme fatale de nombre de photographes qui mettent en place des scénographies complexes où il faut absolument avoir la bonne image en une ou deux prises.
Les limites de la rafale 6K
Incroyablement performante, la rafale a quatre faiblesses. La première est la mise au point qui se fixe dès la première image : elle ne peut donc pas remplacer une rafale avec suivi du sujet.
La seconde limite est le bruit numérique, plus présent que dans un mode photo classique. Logique, puisque les contraintes électro-physiques sont très fortes – d’un côté la lumière reçue en une seconde se partage entre 30 photographies, de l’autre il y a un capteur qui doit lutter contre les parasites engendrés les passages au noir entre chaque photo.
Troisièmement, l’absence de mode RAW limite le potentiel de développement numérique. Les fichiers Jpeg sont bons jusqu’à 400-800 ISO, mais et il ne faut pas pousser plus haut et ils contiennent bien moins d’informations qu’un bon fichier RAW – il est plus difficile de récupérer les lumières cramées ou les ombres.
Finalement, un élément d’importance vient parasiter l’expérience d’utilisation : l’ergonomie. Dans le mode photo 6K/4K, l’appareil capture une séquence de photos encapsulées dans un fichier .MP4 impossible à éditer sur PC. Il faut donc extraire les photos depuis l’appareil, une opération non seulement moins pratique que sur un grand écran, mais souffrant aussi d’une ergonomie discutable. On peut choisir d’extraire des images en volume, mais là encore l’ergonomie est médiocre… et on se retrouve en plus avec un trop-plein de photos à trier. La solution existe et paraît simple : il faut que Panasonic fournisse un outil PC/MAC (et GNU/Linux si possible) qui permette d’extraire facilement les images de la séquence. La balle est dans le camp des ingénieurs.
Impressions
Nous avons pinaillé au maximum pour cette petite prise en main, en cherchant au maximum les limites de ce nouveau boîtier haut de gamme. Pourquoi ? Pour tempérer notre enthousiasme. Car le GH5 est une machine qui fait plaisir à voir : face à des Canon et Nikon moribonds, les constructeurs d’hybrides s’arrachent pour repousser sans cesse leurs limites, et dans cette classe le meilleur élève est sans nul doute Panasonic. Une marque qui continue de produire des boîtiers d’entrée de gamme de qualité – GX80, G80 et bientôt le G800 – et qui donne tout ce qu’elle a dans le haut de gamme quand les deux « grands » y vont à coup de petites itérations.
Le GH5 est extrêmement bien construit, son AF est l’un des meilleurs que nous ayons testés, ses modes vidéo ont de quoi faire pâlir les caméra cinéma d’entrée de gamme, son ergonomie est enfin adaptée à un usage pro et son parc optique Micro 4/3 est extrêmement riche, etc. Il reste à évaluer vraiment ses performances pour déterminer où ce boîtier se positionnera dans la hiérarchie des hybrides, catégorie dominée à l’heure actuelle (mars 2017) par l’excellent Fujifilm X-T2. Mais une chose est sûre : même en firmware 0.4, il prend clairement la voie du top 5.
Le GH5 sera disponible au début avril 2017, à un prix de 1999 € (boîtier nu) et à 2599 € avec le Panasonic Leica Vario-Elmarit 12-60 mm F/2.8-4.0 Asph Power OIS.
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