Avec son nouveau X-H1, Fujifilm monte un cran en gamme. Héritant de la base technique des X-T2 et X-Pro 2 lancés en 2016, le nouvel hybride pro de Fujifilm améliore l’existant tout en se concentrant sur l’ergonomie.
Plus gros, plus solide mais aussi plus complet et plus confortable, le X-H1 a une mission : séduire les utilisateurs de reflex pro en leur offrant une prise en main similaire, mais dans un format plus réduit et plus léger par la grâce d’un capteur APS-C et d’optiques plus compactes.
Et pour la première fois, Fujifilm se place sérieusement sur le segment de la vidéo. Voici notre première prise en main réalisée lors de la présentation des premiers prototypes à la presse européenne.
Format reflex et ADN de GFX50s
Comme Panasonic avec son Lumix G9 ou Olympus avec l’OM-D E-M1 Mark II, Fujifilm a cessé de jouer l’unique carte de la compacité des hybrides. Si cet argument était d’importance face aux reflex pour faire décoller le genre, certains usages notamment professionnels imposent l’intégration dans un format plus costaud et encombrant. On ne peut que se féliciter de pouvoir utiliser les mêmes optiques sur des boîtiers aussi variés en tailles et performances.
Fujifilm n’a pas eu à chercher bien loin le type de prise en main ni les équipements que le format de type reflex impose : le X-H1 est infusé de l’ADN de son grand frère le GFX50s, un boîtier à capteur moyen-format que nous avons déjà testé.
Mais quand le GFX50s est un petit boîtier parmi les moyen-format, le X-H1 est un gros hybride avec un grip très prononcé. Outre ce grip, le X-H1 récupère aussi l’écran supérieur à cristaux liquides de son grand frère, un écran en affichage façon « négatif » blanc sur fond noir non seulement très élégant, mais aussi très agréable et pratique.
Similaire à celui du Leica SL, cet écran devient vite un incontournable puisqu’il offre en un coup d’œil les détails des réglages de l’appareil. De manière purement subjective, nous le trouvons très esthétique et il renforce nettement le côté premium de l’appareil.
L’autre héritage des X-T2 et autre GFX50s est l’écran doublement orientable qui propose aussi bien une inclinaison verticale en mode paysage qu’en mode portrait. Unique dans sa conception, cet écran est un vrai atout sur trépied puisqu’il ajoute, à l’inclinaison, une plus grande robustesse par rapport aux écrans sur rotules. La résistance est un des arguments phare du X-H1.
Blindé contre les coups et les poussières
Du point de vue mécanique, le X-H1 est un X-T2 blindé. Sa cage en alliage de magnésium est 25% plus épaisse sur toute la surface du boîtier. A ce cahier des charges de résistances physiques renforcées s’ajoutent aussi quelque 94 joints d’étanchéité pour bloquer poussières et gouttes d’eau. Fujifilm et la concurrence montent en gamme pour faire la nique aux reflex.
Si on met les modèles monoblocs de chez Canon et Nikon à part (1DX Mark II, D5), les boîtiers reflex pros de type D850 et 5D Mark IV sont désormais clairement menacés par les boîtiers tels que les Lumix G9 ou ce nouveau X-H1. Il reste désormais à Fujifilm (et aux autres) à prouver que la solidité apparente se vérifie dans le temps.
Côté poids, si on sent bien entendu une différence par rapport au X-T2, la prise en main reste assez similaire, quoique plus confortable pour nos mains occidentales.
Le surpoids reste négligeable par rapport aux reflex 24×36 quand on rajoute les optiques dans l’équation. Outre son capteur APS-C plus petit (aux qualités assez proches du plein format) qui permet des formules optiques plus compactes, il faut rajouter la distance de tirage plus réduite qui permet encore de gagner quelques millimètres dans la conception des objectifs.
Un équivalent 24-70 mm f/2.8 comme le XF16-55mm f/2.8 R LM WR ne pèse ainsi que 665 g à comparer avec les 1070 g du Nikon AF-S NIKKOR 24–70mm f/2.8E ED VR.
De plus, non seulement le gabarit plus imposant du X-H1 offre un meilleur équilibre – et donc une meilleure stabilité – avec une optique aussi lourde par rapport au X-T2 (sans même parler du X-T20 !), mais en plus l’arrivée d’un élément clé permet de renforcer l’attrait du 16-55 mm f/2.8 : la stabilisation mécanique du capteur.
Et Dieu fit la stabilisation mécanique
Fujifilm était le dernier des Mohicans, préférant se passer de la stabilisation mécanique, sous couvert de soigner la qualité d’image. Réalité ou déni d’ingénieur (ou de marketeux) peu importe : Fujifilm fait son mea culpa avec le X-H1 en intégrant ce précieux dispositif.
Un mécanisme qui permet de gagner jusqu’à 5,5 vitesses et donc d’améliorer grandement le ratio des images nettes. Comme on le voit sur la photo, il fallait à Fujifilm un appareil plutôt imposant pour intégrer cette première mouture technique.
Fujifilm est donc un peu en retard. Mais pas tant que ça. Sony, son seul concurrent sur hybride APS-C, a lui aussi tardé à intégrer la stab mécanique, puisque seul l’A6500, sorti l’an dernier, en profite.
Le retard relatif pourrait vite être comblé si Fuji s’active pour les prochains modèles. En revanche, la concurrence Micro 4/3 d’Olympus et de Panasonic restera un moment devant notamment en termes de compacité.
Cette stabilisation mécanique a d’un seul coup renforcé l’intérêt d’une bonne partie du parc optique de Fujifilm, notamment celui du 16-55 mm sus-mentionné, qui était moins attrayant sur le X-T2 car ne disposant même pas de stabilisation optique !
Lors de nos shoots en basses lumières et en mode portrait, cette stabilisation a permis de réduire significativement le taux de déchets (images un peu floues). Mais la stabilisation n’est pas la seule responsable de cette amélioration notable, puisque la partie électronique a été grandement revue, faisant du X-H1 un boîtier plus nerveux.
Obturateur mécanique : le monde du silence
Par rapport aux reflex, les hybrides profitent d’une arme de choix qui s’appelle l’obturateur électronique – ok, certains reflex commencent à en être équipés mais cela se fait en liveview (visée par l’écran, miroir et obturateur mécanique relevés), un mode où les performances AF des reflex sont tout bonnement sabotées.
Cet obturateur électronique 100% silencieux a un revers : il est moins adapté pour un usage avec des flashs et autres sessions de shoots d’objets en mouvement.
La grande surprise de ce X-H1 est le silence de son obturateur mécanique : il est ainsi le plus doux que nous ayons jamais entendu, tous reflex et hybrides confondus ! Même en rafale, le bruit est extrêmement contenu et humilie le mode “Quiet” des reflex.
Si vous voulez vraiment zéro bruit, l’obturateur électronique est évidemment de la partie. Promis, juré, quand on reçoit l’appareil final pour test, nous inclurons un fichier sonore de comparaison entre un reflex, un autre hybride et de celui du X-H1. La différence est flagrante.
A fond sur la vidéo grâce au boîtier… et aux optiques !
Fujifilm n’a commencé à parler réellement de vidéo que depuis le lancement du X-T2 en juin 2016. Mais ce X-H1 place la barre bien plus haut avec un mode 4K cinéma. Oui, un vrai mode 4K cinéma (DCI 4K) sur 4096 pixels de large à 24 images par seconde au format 17/9e, comme le permet, par exemple, un Panasonic GH5.
Qui peut le plus, peut le moins. Le X-H1 offre bien sûr la compatibilité avec la 4K UHD classique 3840 x 2160 en modes 23,98/24/25/30p. Pour des raisons de dissipation thermiques, les prises sont limitées à 15 minutes consécutives, mais c’est bien souvent le cas. L’A6500 qui shoote lui aussi en 4K chauffe lui aussi beaucoup et seul Panasonic, avec son capteur plus petit (et une meilleure maîtrise ?) arrive à proposer de l’enregistrement illimité.
Si nous n’avons pas eu le temps de tester toutes les fonctions de l’appareil, la fiche technique est presque complète (F-Log, microphone intégré 24 bits/48 KHz, prises microphone et casque, sortie HDMI non compressée, simulation de film cinéma Eterna, etc.), le seul manque à nos yeux étant les zébras.
L’implémentation de la stabilisation est sans aucun doute ce qui a décidé Fujifilm à mettre le paquet sur le mode vidéo de son nouveau fleuron, la vidéo ci-dessus étant entièrement shootée en mode « bousculade entre confrères » à bout de bras.
Outre ces améliorations notables, il faut aussi mettre l’accent sur une gamme d’optiques dédiées à la vidéo, les MKX. Déjà lancés en monture E, les deux premiers modèles sont des zooms très haut de gamme, le MKX 18-55mm T2.9 et le MKX 50-135mmT2.9.
Ces optiques ont une ouverture de transmission de lumière garantie de T/2.9 (quantité de lumière réelle qui arrive jusqu’au capteur et non théorique comme avec la valeur f/), et elles ont surtout des propriétés mécaniques et optiques dédiées à la vidéo.
Ce sont ainsi des zoom parfocaux, c’est à dire que la mise au point ne varie pas quand on zoome/dézoome comme avec les optiques photo. Plus grosses et encombrantes que des optiques classiques, elles sont plus adaptées à la vidéo avec un gabarit plus facile à manipuler pour faire un point précis, avec des bagues adaptées pour monter un follow-focus, etc.
A 4000 euros pièces, elles ne sont pas chères… dans leur catégorie : les optiques avec des propriétés cinéma coûtent au moins le double, voire beaucoup plus !
Le pari de Fujifilm est ici de permettre à un studio de photographie de se mettre à la réalisation de clips vidéo de qualité sans avoir à changer de boîtier : les projets photos avec des optiques XF, les commandes vidéo avec les MKX. Une approche intéressante, mais il faudra continuer de développer l’écosystème pour espérer concurrencer un jour Sony, Panasonic et Canon qui dominent largement le segment. Vivement le test !
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.