Comment savoir qui porte bien son masque dans les transports en commun ? La société française Datakalab, spécialiste des technologies de reconnaissance faciale, lance un test grandeur nature. Pendant trois mois, son logiciel de reconnaissance faciale va être expérimenté dans la station de métro Châtelet-Les Halles, au cœur de Paris, empruntée habituellement par environ 33 millions de passagers par an.
Détecter les passagers masqués
Ayant accès aux images des caméras de surveillance de la RATP, l’outil analysera les visages des passagers dans les couloirs et les rames de métro pour déterminer la proportion de ceux qui portent un masque. Les moniteurs afficheront les résultats sous forme de tableau de bord. Fin avril, un test similaire a été lancé par la même société à Cannes. Mais, cette fois, à l’échelle d’un seul et unique bus, comme le rapporte le compte Twitter de l’agglomération de la région Provence Alpes Côte d’Azur (Paca).
📍 Dans le prolongement de ces nouvelles mesures, @davidlisnard annonce également l’expérimentation – dans 1 bus – de caméras de reconnaissance de masques et de comptage de passagers afin de récupérer uniquement des données statistiques (port masque, distanciation, nb voyageurs). pic.twitter.com/VSbPOU9TCK
— Agglo Cannes Lérins (@CACPLOfficiel) April 30, 2020
L’objectif d’un tel dispositif est d’aider à faire respecter les nouvelles mesures dans les transports en commun : port du masque obligatoire, distanciation sociale, nombre de voyageurs. Le logiciel de Datakalab permet de compléter les contrôles humains exécutés par les agents dans les gares, en les systématisant.
Des inquiétudes pour les libertés
Mais cette systématisation est à double tranchant. Les technologies de reconnaissance faciale soulève des questions éthiques. C’est pourquoi, sur ce projet, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a exprimé son inquiétude.
D’après le gendarme des libertés numériques, il y a risque que l’identité des personnes analysées par reconnaissance facile puisse être reconstituée. La collecte de données personnelles définies comme « sensibles » par le RGPD est également problématique.
« Nous ne recueillons pas de données, nous ne les stockons pas », s’est justifié Xavier Fischer, directeur général de Datakalab, interrogé par Bloomberg. Avant d’ajouter, qu’il y avait un délai de 15 minutes entre le moment où les données sont recueillies et le moment où elles sont envoyées aux autorités.
Un contrôle non-coercitif
De son côté, la RATP a déclaré qu’elle avait informé la Cnil de ses plans et qu’elle respectera strictement le RGPD. Le logiciel sera déployé pour mesurer le nombre de personnes qui suivent les règles et non pour infliger des amendes aux personnes qui ne portent pas de masque, a déclaré un porte-parole de l’entreprise de transports.
Si l’expérimentation parisienne est inédite par son échelle, la ville n’est pas un terrain inconnu pour les technologies de reconnaissance faciale. Elles ont déjà fait l’objet de nombreux tests en ville, notamment à Nice, lors de la dernière édition du carnaval.
Technophile avéré, le maire niçois, Christian Estrosi a ainsi déclaré : « La reconnaissance faciale, c’est incontournable ! », taclant par la même occasion la Cnil à l’époque peu convaincue par le dispositif.
Mais, à Nice comme ailleurs, l’utilisation de la reconnaissance faciale suscite systématiquement un tollé chez les défenseurs de libertés numériques et des peurs dans la population. En avril 2019, la Cnil a donc appelé à un encadrement urgent et strict de ces technologies. Sans résultat pour l’instant.
Source : Bloomberg
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