C’est une véritable “débandade publicitaire “. Voilà comment, Laurent Maury, directeur des éditions électroniques de Libération, définit le calvaire que vivent actuellement la plupart des sites des pointures françaises de la presse quotidienne nationale. La mesure de cette débâcle ? Difficile à évaluer : les éditeurs en ligne rechignent à publier des chiffres précis, jugés stratégiques. Sauf Laurent Maury, qui n’hésite pas à reconnaître que les revenus publicitaires actuellement engrangés par le site Liberation.fr atteignent ” à peine 40 % de leur niveau de 2000 “.Directeur des éditions électroniques des Echos, Philippe Jannet admet aussi que les volumes de pub ont baissé ces derniers mois, mais sans préciser l’ampleur du recul. En 2000, le site avait attiré pour 6,1 millions d’euros (40 millions de francs) de publicité. En 2001 ? Silence…” Nos tarifs ont augmenté de 10 % en moyenne depuis décembre 2000, dit-il. Nous pouvions le faire parce que nous avons très fortement amélioré le ciblage de la publicité, qui nous permet de vendre des campagnes plus précises à nos clients. “Un élément aussi mis en avant par Lefigaro.fr, qui accuse pourtant une baisse de ses revenus publicitaires. La situation se présente différemment à Latribune.fr, qui combine une baisse des tarifs de la publicité en ligne avec une stabilisation des volumes. ” Nos rentrées publicitaires sur la période de janvier à mai 2001 sont plus importantes que sur janvier à mai 2000 “, se réjouit Emmanuel Cacheux, son directeur financier.
Point mort fin 2001 ou 2002 ?
Globalement, la situation financière des différentes rédactions Web semble néanmoins s’être dégradée ces derniers mois. Même pour Les Echos : le point mort était prévu pour cette année ; ce sera sans doute 2002. À Latribune.fr, on envisage d’y arriver fin 2001. Le Monde, lui, campe sur ses prévisions antérieures, à savoir atteindre l’équilibre budgétaire en 2005.Chez Libération, en revanche, la plupart des personnes en CDD devront quitter la rédaction en ligne au terme de leur contrat. “ Notre métier, c’est l’info, martèle Laurent Maury. Nous allons mettre en sommeil les diversifications entamées précédemment et nous lancer dans l’info en continu, pour faire le lien entre nos éditions papier. “La plupart des quotidiens en ligne cherchent en fait à réduire leur dépendance vis-à-vis de la publicité et, conséquence logique, essaient de doper les ventes de contenu à l’internaute : accès au journal du jour pour La Tribune et Les Echos, accès aux archives pour Les Echos (et La Tribune dès 2002), ” profils d’alerte ” pour les entreprises citées dans les médias (La Tribune, Les Echos).Certains développent aussi des solutions de commerce électronique. Pour vendre des services et des produits payants, Lefigaro.fr a mis au point une stratégie d’affiliation qui repose sur “ l’intégration contextuelle “, explique son directeur, Laurent de Baecque. Les articles sur le tourisme ou le vin, par exemple, renvoient à des liens ou des sites avec lesquels des accords ont été signés.Pour le reste, Lefigaro.fr décrète que ” l’information généraliste ne se vend pas. Nous préférons développer des services privilégiés autour de l’information “.En d’autres termes, le vieux débat entre les modèles payant ou gratuit semble dépassé par les faits. Le véritable problème consiste à savoir ce qu’il faut faire payer et par qui.
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