Internet devrait permettre une meilleure transparence du marché de l’imprimerie et le développement de niches, comme l’impression à la demande ou la personnalisation. Reste à convaincre les pros.
Si le web est entré dans les m?”urs de l’industrie graphique française, les pratiques de commerce électronique y sont encore peu répandues. Dans une récente étude menée auprès de plus de trois cents professionnels (157 responsables d’entreprises graphiques et 153 donneurs d’ordres), le magazine professionnel de l’imprimé Caractère a montré que plus de la moitié d’entre eux devraient être connectés à internet d’ici à la fin 2001 (les donneurs d’ordres ont déjà accès au réseau des réseaux). Mais parmi les nouveaux services proposés en ligne, peu sont d’ores et déjà parvenus à bouleverser le marché.Fondateur du site d’optimisation des achats de l’imprimé Printreference.com, Jacques Lopès estime cependant que dans les trois années à venir, 15 à 20 % des ordres imprimés seront passés grâce à internet, sur un marché des produits graphiques (imprimés, catalogues, brochures, périodiques, etc.) évalué à quelque 75 milliards d’euros (soit près de 417 milliards de francs) sur le Vieux Continent et à 10,5 milliards d’euros en France.
Six nouveaux types d’offres
Après avoir fondé, et revendu, l’un des plus puissants groupes d’imprimerie offset européens, Jacques Lopès a observé, avec l’émergence d’internet, l’arrivée de six nouveaux types d’offres : les places de marché (gestion de l’offre et de la demande de services, petites annonces, information, etc.) comme 58K ou Go-yoyo ; les sites d’imprimeurs (institutionnels le plus souvent) ; les sites de ” niches ” (petites commandes d’impression, personnalisation d’objets promotionnels, etc.), qui proposent des outils de création, de commande et de paiement, comme Iprint, Vistaprint, Printalis, Printperso ou Cartadoo ; les sites de ” matière ” (papier, le plus souvent), proposés par les groupements d’usines ou encore par les courtiers (comme Paper-Exchange.com) ; les plateformes horizontales ” MRO ” (approvisionnement de Maintenance, Réparation et Opérationnel, achats non stratégiques) pour organiser des appels d’offres sélectifs après analyse des besoins ; les sites de facilities management (conseil, suivi de production et gestion comptable). Il faut ajouter à cette énumération les fournisseurs de solutions de calcul de prix et de gestion des commandes, comme celles d’Amicca, Collabria, d’Impresse ou de Proimage (Iway).Par la meilleure transparence et les économies de gestion qu’ils impliquent, ces nouveaux services devraient permettre aux donneurs d’ordres vers l’industrie graphique (éditeurs de livres et de magazines, agences de publicité, spécialistes de la vente par correspondance, etc.) de réduire leurs coûts et de simplifier leurs démarches (veilles tarifaires et technologiques de marchés, par exemple) pour ne se concentrer que sur leur c?”ur d’activité.Mais la baisse tarifaire et la réduction de marges que pourrait permettre une gestion transparente et en temps réel engendre une méfiance naturelle des imprimeurs vis-à-vis du commerce électronique. Enfin, dans son enquête, le magazine Caractère note que si diverses initiatives reposant sur le XML sont actuellement menées, l’industrie graphique pâtit de l’absence de format standard d’échange depuis la création d’un devis jusqu’à la livraison d’une commande.
Internet, un canal encore peu employé
Pratique d’achat en ligne en direction de l’industrie graphique des donneurs d’ordre français connectés sur internet (en %)
N’ont jamais acheté en ligne
84,7
Téléchargement de logiciels
6,9
Achats de services
5,6
Achats de papier
1,4
Autres
4,2
Nombre de services utiles à l’industrie graphique sont déjà en ligne, des places dédiées aux ” matières ” aux sites de conseil et de gestion comptable. Mais les donneurs d’ordre, qui pourraient pourtant y gagner financièrement, restent frileux.